7 août 2024
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III VOCABULAIRE
Le dialecte de Batz a perdu beaucoup de mots bretons, entre autres les correspondants du vannetais :
- él, ange
- guénn, arbre
- eutru , monsieur, seigneur
- nean, ciel.
Il les a remplacés par des emprunts au français ou par de nouvelles formations. Voici les particularités les plus frappantes de son vocabulaire (mots, expressions, sens spéciaux).
A
- a dam de dam, morceau à morceau
- achti, voici
- 'chti ec'h vlė, il y a huit ans
- achte-man , comme ceci
- achte -ze, achte-heon, comme cela. Cf. haute Bretagne . c'ti - ci = vieux français cettuy cy
- adern (ë ), cillet contenant l'eau saturée qui doit servir à l'alimentation des oeillets à sel .
- Patois français du pays, aderne, mot qui se trouve dans le Supplément de Littré. Cf. le bas latin baderna « caldaria in qua conficitur sal » ; vieux français baherne
- afec'h, participe passé afehei(t) , battre berneo ,des mulons ; cf. Léonard feaza, vaincre.
- a - ge(t), de la part de, composé comme le léonard digant
- Me ez gourneit age me brer, j'ai demandé à mon frère (on dit aussi, par gallicisme, de me brer )
- aget- heon, d'avec lui
- aget- hi, d'avec elle
- aget-henn, pluriel
- ahoude' mat, bien embarrassé ; Haute-Bretagne. enheudė vannetais haudet, entravé.
- a-ker, ha ker , pour ker : haker bras, aussi grand .
- anpeich : ra oe anpeich un aral, elle était enceinte d'un autre ; du français empêcher
- A-ter, tant que pour (e)tre : 'ter ke me zo aman, pendant que je suis ici
- aven , de
- aven pi gherat hi zeo De quel village es-tu ?
- ur penn aven enn ti, un bout de la maison .
- Cf. Kere' pel mad avad -in , éloignez -vous de moi ;
- et les composés avamann, d'ici , aveze , de là, aven -heon , de là -bas.
- Boudra piameik vle aveze,il y a quinze ans de cela. Le vannetais possède des adverbes correspondant à ce dernier. Rac. a, et ma, man, lieu.
- Azurh mitin dezurh enn nos, depuis le matin jusqu'au soir
- han fou houa uec'h her du e'nos, il sera bien six heures du soir
- tre -uc'h , par dessus. Cf. léonard a -ziouc'h , diouz
B
- bardrac'h , bardras, féminin : battoir ; en patois un bardra. Cf, léonard bataraz , féminin : massue ?
- beis bras ou beis teif, pouce ( gros doigt ).
- berch (ë), féminin, patois une berche, brèche pratiquée dans les ponts de marais pour laisser pénétrer l'eau du délivre, et fermée ordi nairement par un peu de vase ou par une ardoise. pluriel bercheo
- berchedeo , bancs,
- vannetais , brecheteu , escabeaux
- Haute Bretagne berchet
- bichuen , bichuen , adjectif bleu . Du français bis et de guen, blanc ?
- bien :
- re vien a dut, trop peu de monde
- deo heur bienoc'h ur hart, deux heures moins un quart
- a vienoc'h uec'h vle, en moins de six ans
- biterh , renforce une négation :
- ked biterh a zrouk, pas du tout de mal
- ne venen ke biterh ou lom, je ne veux pas du tout
- me forh ke biterh lakel mouid abars, je ne puis plus rien mettre dedans.
- Ce mot semble pour *bit -uec'h, bis -koaz ; cf. cornique byteweth. On dit de même inec'h , cette nuit, pour henoaz
- bouliyek, adjectif : bouillie
- un tech bouliyek, un poëlon à bouillie.
- bras grand :
- hou gouel zo ke bras, vous n'avez pas beaucoup de levain
- me'z che sonjlë) bras, je ne me rappelle pas beaucoup
- er mor zo bras, la mer est haute
- vol a vras, tout entier
- helen bras, gros sel.
- brinen : brin
- ur brinen trao, un brin d'harde
- do be dri brinen trao , différents objets.
- brouiseit, pourri, cf. anglais bruised, meurtri.
CH
- chalen , sortir : - ar genbr, - de la chambre . Du français saillir , comme chulen de souiller ; cf. le sens de l'espagnol salir. Le sens propre du latin salire subsiste dans chalirik , sauterelle .
- chikren, écraser, pat. chicrer
- vannetais chikein , meurtrir cf. français chiquer
- chom , il faut ; proprement « il reste » ?
- Chom d'in un ti, il me faut une maison .
- chtoken , jeter,
- léonard, steki, toucher.
- chtromen , toucher.
D
- dakor, rendre, restituer, suppurer
- dakor michent, rendre méchant
- hi ga d'hen dakor chuirh, tu vas te fatiguer
- vannetais dakor, dakorein , rendre ; dascorr, vomir ,
- Cornouaillais daskori, rendre ; propr. « rejeter, remettre » ,
- de daz - , de nouveau ( = do-ate - ) et du vieux breton corim , mettre, jeter ( irlandais cor ), d'où hepcorim , mettre à part
- gallois hebgori, et ercor , jet, coup, gallois ergyr, irlandais erchor
- darn , pièce de fil, écheveau. Ce mot celtique, qui signifie « morceau » est l'origine du français darne, féminin, tranche de poisson, et de l'anglais darn , reprise dans une étoffe .
- degn mat, beau-père (du gendre ); goue (pour groeg ) vat, belle -mère. Cf. les expressions françaises.
- dehenn : s'en aller
- monei dehenn , s'en aller
- mi ga dehenn, etc. C'est peut-être le même mot que dehenn, à eux.
- demehëk : enn demehëk. , enn emehek , le marié ; féminin : enn emegeiz
- de demehen, se marier.
- diann, droit ;
- dianne, vol dianne, vis-à - vis
- Sarzeau. diann, adj . et adv.
- cf. léonard endeün , précisément.
- difard, déshabiller
- de farden , habiller
- cf. léonard farda, apprêter
- français hardes, anc. fardes
- dighenen -kar, nu-pieds, est peut-être une déformation d'un superlatif de diarc'hen
- vannetais diarhein , derhin, suivie de kar = kaer
- diskar, descendre
- Sarzeau, idem
- Hia ziskar, elle (la mer ) baisse.
- (diskouen ?) paraitre
- han ziskë, il parait
- han zeske ke bu klenf, il ne semblait pas être malade.
- Le vannetais emploie de la même façon diskoein
- léonard diskoueza, montrer.
- disuhenn, la livrée de la mariée, c'est- à - dire sa ceinture dorée.
- doeik :
- enn oeik dehuen, l'avant-dernier.
- Cf. Trégorrois aiin eil diwean, idem
- ann eil henan ou kosan , celui quivient après l'ainé
- ann eil gaeran, la seconde en beauté, etc.
- drapeos, pluriel drapeozeo, drapeozieir, langes
- Haute Bretagne drapeau
E
- ek :
- tadek, grand'père
- mamek ( quelquefois mamik), grand mère, en Vannetais beau-père, belle-mère.
- ekao, un écao, nom donné aux bretons (karrikell : aux bretons d'ailleurs je pense , bizarre d'utiliser ce terme) qui viennent se louer dans les fermes à l'époque de la moisson .
- endeiur, fumier, endevrek, idem
- vannetais idem
- endevrat, étendre du fumier.
- ent, du participe présent français ant : bervent, bouillant.
- vannetais , berhuidant
- A Auray, la terminaison ant est employée couramment pour former les participes présents.
- Cf. Trégorrois zellant, regardant, avare.
F
- fai, manquer, faillir :
- han faye kimid -et, il ne manquait que toi
- na faye 'keid a zoneid, ne manquez pas de venir
- ne fayou keid d'er banezeo, il ne manquera pas à la noce
- en deez faye' koueich, il a failli tomber:
- fard, pluriel. fardeo , fares : ceillets dans lesquels passe l'eau destinée à faire le sel , pour le saturer avant d'arriver à l' a aderne
- fent, fendu ; fenteit, idem en parl. de la vaisselle ; du français fendre
- fignoleit, orné
- er lôrô fignoleit, les bas à fourchettes, bas de femmes pour les jours de fête.
- du français populaire fignoler
- fleûrenn , une fleûr, fléau pour battre le grain
- Haute Bretagne fleû
- forh : me forh, je peux
- uchan foree keit, on ne pourrait pas
- probablement du français force
- d'où aussi le léonard forz (krial forz, crier force, etc. )
- vannetais forh
G
- gapouézeo
- er gapouézo ar gregn , les gapouais du grain, la balle du froment
- Du haut breton gåpås
- garmen ( crier ), n'a que le sens spécial de « beugler ».
- geo, e geo, n'est- ce pas ? Pour ha ne d - eo .
- glebeo, trous entre le mur et les ardoises
- cf. gourib, pluriel gouribou , bord du toit qui dépasse le mur
- ribl- voger , pierres en saillie autour d'une muraille ?
- gloenn, gleün : er gloenn, la vasière.
- gourtadik, grand - père
- cf. léonard qourdadou , ancêtres .
- guenachtrek, gris blanc. C'est un diminutif (cf. guenek, påle ) d'un mot formé sur le modèle du vieux français blanchastre. Cf. pachtis, pâturage, du vieux français pastis, pâtis.
- guer,'guers,gouers, comparatif guersoc'h, longtemps ; guerseo,idem,
- pi ker guers ma hen ! comme il est longtemps !
- me bes ke guers , je ne reste pas longtemps
- ne ge che guerseo, il n'y a pas longtemps
- boudra guerseo, il y a longtemps.
- vannetais guers, guerso, guersou (comme en léonard pell-zo), et même guerço zou
- Cf. gallois er ys gwers, depuis quelque temps.
- C'est proprement un nom féminin signifiant « espace de temps » , comme le gallois gwers, féminin, , de là le haut Cornouaillais ar-verz-ma
- vannetais er-huêrh-ma, de longtemps.