Culture bretonne de Saint-Nazaire (Brière/Presqu'île Guérandaise/Pays de Retz)
Cette publication 5 est une présentation précise du Gallo
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Avant propos de Karrikell
J'ai l'immense plaisir et honneur d'accueillir sur mon blog Thierry Magot, que je considère comme un véritable érudit des langues, et en ce qui nous concerne du gallo.
La teneur de son exposé qui sera publié ici en plusieurs publications, véritable série ou feuilleton, démonte les affirmations lapidaires de personnes n'y connaissant rien , comme classant le parler de Retz comme un parler Poitevin .
Il est vraiment dommage que le mouvement breton répète à l'envie cette affirmation erronée !
Le mouvement culturel breton se tire une balle dans le pied en faisant le jeu des partisans de la division .
Entre les tenants du "Grand Poitou" (il y en a et certains sont présents en Pays de Retz (historiens du Pays de Retz par exemple, association qui classe ce terroir "entre Bretagne et Poitou",les autres étant les militants culturels poitevins) et les partisans des Pays de la Loire, la Bretagne n'a pas besoin de chiens de Pavlov bretons répétant les choses sans rien y connaître .
Lisez Thierry Magot !
Son exposé est salvateur et va dans le sens de la réunification non seulement politique mais culturelle .
Je publierai peu à peu , publication par publication , l'exposé de Thierry Magot.
Hervé Brétuny, Blog Karrikell
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Partie II
Et d’abord pourquoi poser une telle question ?
Partie II-A Le Gallo
La réponse rapide qui est souvent donnée est : « la langue d’Oïl parlée en Haute-Bretagne à l’Est des Côtes d’Armor et du Morbihan, en Ille et Vilaine et en Loire Atlantique ».
C’est ainsi que s’expriment souvent les sites officiels du Gallo, sans expliquer la nature propre du Gallo, sans expliciter ses liens avec les autres langues d’Oïl, sans véritablement expliciter la diversité et l’unité des différents parlers Gallo, et finalement en rejetant, dans les faits, les spécificités des parlers du Pays Nantais (voir la Partie IV-B et la Partie V)
Une étude audio du site du CNRS, censée décrire la réalité de la diversité linguistique de la France, a été récemment publiée (Atlas sonore https://lnkd.in/epQA7Jbx). La carte audio obtenue ne nous apprend pas grand-chose, à cause d’un maillage insuffisant (une petite dizaine de points d’enquêtes seulement pour chacune des langues ou dialectes de l’Ouest de la France : Breton, Gallo, Manceau, Angevin, Normand, Poitevin et d’ailleurs aucun point en Pays de Retz). Il peut être néanmoins intéressant de s’y référer en comparant les versions audio d’un texte unique (une courte fable d’Esope), ce qui est inédit à ma connaissance.
Une carte plus classique par sa facture est plus intéressante, avec ses couleurs jaune-orange pour les langues d’Oïl, ci-dessous :
Au départ (selon Dante, écrivain florentin du XIII/XIVème siècle) il s’agit d’une classification apparemment basée sur la formulation de l’affirmation « Oui » dans les 3 langues romanes qui dominaient l’Europe à cette époque : « Oïl » pour le Français (qui a donné « Oui » par la suite en Français actuel), « Oc » pour l’Occitan et « Si » pour l’Italien. Pour les langues romanes de France, ce découpage est resté valable aujourd’hui, mais la méthode de classification est insuffisante.
Le Gallo a été contesté dans sa place dans les langues d’Oïl à cause de mythes et de fantasmes qui ont animé les mouvements de renouveau du Gallo :
Dans le premier mouvement de renouveau du Gallo le fantasme était que le Gallo, clairement de langue d’Oïl comme on pouvait le constater par ses liens avec d’autres langues d’Oïl encore vivantes à l’époque, comme le Mainiot, était influencé et même habité par le Breton qui justifiait une certaine diversité des parlers Gallo, en particulier par leur distance avec le Breton. Ce mythe a essentiellement été porté par l’association-revue Vantyé animée par Y. Mikael, mais il est clair maintenant que l’importance de cette influence doit être nuancée (voir plus bas).
Ce mythe est apparu dans le deuxième mouvement de renouveau Gallo (près de 40 ans, une pleine génération, après le premier mouvement et depuis la quasi disparition des autres langues d’Oïl comme le Mainiot, l’Angevin ou le Percheron). Le Gallo serait alors, la 2ème langue de Bretagne depuis son origine, aussi ancienne que le Breton et plus ancienne que le Français, sans véritable diversité interne donc sans nécessité de recherche d’un Gallo standard ni d’une graphie unifiée. L’inconvénient de cette approche est, dans les faits l’exclusion des spécificités de la variété du Pays Nantais, comme nous le verrons dans la Partie IV-B et la Partie V. L’approche est alors plus identitaire que linguistique. Il s’agit de la démarche classique de militants dans la recherche de toujours plus d’originalité et d’exclusivité pour leur langue alors que la réalité est souvent plus complexe et peut-être moins excitante. Cette situation entraine une hostilité qui apparait particulièrement pour l’affichage de la langue, par exemple pour la création de panneaux routiers.
Ce mythe est quelquefois avancé pour étayer le mythe du Gallo, langue-isolat et renforcer l’idée du Gallo entouré de langues d’Oïl. Cette contestation est avancée, avec un certain état d’esprit complotiste, sur la base que « Oui » en Gallo est rendu par « Vère » ou « Yan » (s’opposant ainsi à la définition de Dante des langues d’Oïl) par certains militants Gallo (par exemple J.L. Laquittant « Le Gallo, d’ouyou qu’i vient ? » éd. Les oiseaux de papier, 2015). Pourtant le problème de l’appartenance aux langues d’Oïl ne semble pas gêner les Normands pour lesquels l’affirmation en « Oui » est également « Vère », comme le Gallo, mais il est vrai que les Normands peuvent se satisfaire, au niveau de l’originalité de leur langue, des caractéristiques de la « Ligne Joret » (voir ci-dessous et Partie I). En réalité la classification actuelle des langues romanes de France en Oïl et Oc n’est pas basée sur le lexique mais sur des notions grammaticales comme l’expression de la personne sujet dans les conjugaisons : pour les langues d’Oc, la personne sujet est exprimée dans la conjugaison du verbe uniquement, sauf éventuelle insistance, par exemple « Volem viure al pais » (nous voulons vivre au pays) ; dans les langues d’Oïl, la personne sujet est exprimée dans la conjugaison du verbe et également en dehors du verbe conjugué : « Nous voulons vivre au pays » en Français, « Je velons véqhir ao peyis » en Gallo. Le Gallo est donc bien à classer sans hésitation parmi les langues d’Oïl.
Comme toutes les langues (le Breton, l’Occitan …), l’ensemble de langue d’Oïl existe en réalité sous forme de dialectes (qu’on pourrait encore subdiviser à l’infini en sous-dialectes jusqu’aux parlers des plus petites communautés, en général les paroisses/communes). Le concept de langue (ou dialecte) « pure » est une aberration. Toutes les langues sont des ensembles de transition.
Dans le cas du Gallo, transition vers d’autres langues d’Oïl (voir carte ci-dessous Figure 2) :
1ère Transition (T1) au Nord-Est (relations avec le Normand) :
Cette transition est initialement douce (F. Manzano, 1996) jusqu’à une rupture nette au Nord de la « ligne Joret » qui présente un brutal changement vers le Normand septentrional et le Picard.
La ligne Joret (figure 2) est une limite des parlers Normands (comme des parlers Picards) qui sépare le traitement de « k » + « a » latin en « k » au Nord et « ch » au Sud, le traitement de « k » + « e, i » latin en « ch » au Nord et « s » au Sud et le traitement de « w » germanique en « v » au Nord et en « g » au Sud. Ainsi le mot « chat » français est en « cat » au Nord et « chat » au Sud (y compris en Gallo), le mot « cinq » français est en « chink » au Nord et en « sink » au Sud (y compris en Gallo) et le mot « gué » français est en « vé » au Nord et en « gué » au Sud (y compris en Gallo). Lors d’action simultanée de ces 3 évolutions pour un même mot, on arrive à des mots complètement différents entre le Nord et le Sud de la ligne Joret, par exemple « cache » pour « chasse » et « viquet » pour « guichet » (on comprend ainsi pourquoi le nom de « Le viquet » a été retenu pour la revue emblématique de défense du Normand, Partie I).
Cette ligne place ainsi les parlers du Sud de la Manche (limitrophes du Gallo du Coglais) et les parlers de l’Orne, historiquement normands, linguistiquement dans un continuum avec le Mainiot et donc dans les faits non pris en compte dans les revendications de la langue Normande.
Cette transition se résume donc, dans les faits, vis-à-vis du Gallo à une transition vers le Mainiot, donc identique à la transition suivante (T2).
Cette transition se passe sans véritable rupture puis se poursuit doucement vers les parlers centraux du Perche, de l’Orléanais, de Beauce et du Hurepoix de la région parisienne. La nature de cette transition m’a été révélée très tôt par mes connaissances dès l’enfance sur la diversité du Gallo et sur le Bas-Mainiot et s’est enrichie ensuite dès les années 80 grâce aux très fructueux contacts que j’avaient pu entretenir avec 2 linguistes de terrain spécialisés, l’une (M.R. Simoni-Aurembou) sur le Percheron, l’autre (R. Verdier) sur le Haut-Mainiot (voir Partie I).
Cette perméabilité des langues dans l’ensemble des langues d’Oïl apparaissait dans mes relations à l’intérieur de DPLO (Partie I). Nous verrons par la suite que, parmi les 5 transitions présentées, cette transition est celle qui a le plus d’envergure dans la définition du Gallo.
Cette transition en continuum du Gallo vers l’Est (Manceau/Angevin-Percheron-Orléanais-Beauceron-Hurepoix) concerne bien des phénomènes :
- phonétiques :
- Les diphtongues « ao » (par exemple dans « haot » Gallo, pour le français « haut ») se transformant petit à petit vers l’Est en une voyelle unique mais longue « ô »;
- Les triphtongues (ou diphtongues introduites par une semi-consonne) « iao » (par exemple « biao » Gallo pour le Français « beau » se transformant petit à petit en diphtongues (ou voyelle longue introduite par une semi-consonne) « biô » en Beauceron. Ce phénomène se poursuit jusqu’au Hurepoix (selon mes souvenirs d’enfance pour Massy une commune entièrement rurale à la fin dans les années 50, contiguë à Antony, ma commune de naissance, à 20 km du Paris intra-muros) : la terminaison « -eau » en Français prononcée « -iô » (chapiô, martiô, nouviô, biô …), conjointement avec l’emploi de r roulés (au lieu des « r grasséyés » parisiens du Français officiel) et avec les prononciations anciennes en « oué » de tous les « oi » français (par exemple « moi », « une fois » « mouchoir », « bois »…) ] Voir plus bas] étaient considérés avec beaucoup de mépris dans mon enfance par les locuteurs du Français « moderne parisien » comme « l’accent typique de la Seine-et-Oise »;
- Toujours en avançant de l’Ouest du domaine d’Oïl (de la limite avec le Breton) vers l’Est, un « H » très prononcé (presque guttural (par exemple dans « Haot ») s’amenuisant petit à petit pour n’être plus qu’une interdiction aux liaisons ;
- Même chose pour la palatalisation des sons « k » (en « tch ») et « g » (en « dj ») devant les voyelles « i, è, é et ë », jusqu’à ressembler aux prononciations bretonnes bien connues du dialecte Vannetais, mais s’amenuisant progressivement d’Ouest en Est, jusqu’à disparaitre dès le Haut Manceau. Un des mots emblématiques de cette palatalisation est le mot Français « cou » qui, à la suite de la diphtongaison du « ou » et de la palatalisation du « « k » initial passe de la prononciation en « tchëuw » en Goëlo à « kow » plus à l’Est, puis à « koû » (avec un « ou » long) en Vendelais puis au « cou » Français en Haut-Mainiot sans qu’on puisse vraiment parler de francisation directe. Même chose pour le mot « coùdre » (noisetier) qui passe de la prononciation « tchëudr » en Goëlo à « coudr » en Vendelais puis en Mainiot sans véritable francisation (voir Partie I pour l’évolution de la diphtongue en Gallo).
- grammaticaux,
Par exemple, la terminaison imparfait 3ème personne du pluriel en « ain » d’une grande partie des parlers Gallo (voir Partie IV-A) conservée sans discontinuité du Gallo jusqu’aux parlers de la Beauce. Les conjugaisons sont d’ailleurs proches avec le même jeu des pronoms personnels par exemple : je/tu/i(l)-a(l)/je/vous/ i(l)s-a(l)s, la 3ème personne du présent pluriel en « ant » (sauf exception finalement locale (Partie IV-A), le prétérit et ses terminaisons en « i ». Son subjectif (devenu très rare ou abandonné désormais) mais avec ses terminaisons en « -je », quand il existe.
- lexicaux,
Par exemple les mots que nous considérons souvent comme partie prenante de notre identité Gallo, comme « tèt » pour étable, « fien » pour fumier, « subler » pour siffler, « vesonner » pour bourdonner, « guéné » pour trempé, « hucher » pour crier et tant d’autres, conservés jusqu’en Beauceron en passant par le Maine et le Perche.
C’est le cas pour des mots importants pour une langue moderne comme notre emblématique « hait » pour plaisir avec des dérivés « haiter » pour plaire, « déhait » pour déplaisir, « déhaiter » pour déplaire, « haitant » pour plaisant, arrivant par le Manceau, le Percheron, le Beauceron aux Portes de Paris. Il en est encore de même de notre « heude » Gallo (« entrave », voir Partie I) et de ses dérivés « enheuder » pour entraver et « déheuder » pour libérer.
Le continuum est encore plus large pour le mot « tertous » (« vraiment tous ») jusqu’au Picard ou au Wallon, devenant ainsi plutôt le mot emblématique de l’ensemble des langues d’Oïl. (voir la Partie I).
Concernant une éventuelle frontière nette entre le Gallo d’une part et le Mainiot et l’Angevin d’autre part (Figure 3), G. Guillaume le responsable de l’ALBRAM (G. Guillaume « Recherches d’aires dialectales en Haute Bretagne, dans le Maine et en Anjou » in « Les dialectes romans à la lumière des atlas régionaux », CNRS, 1973) ne voit guère que l’évolution de « oy » latin en « ei » Gallo (prononcé é ou ë, voire i) et en « ui » Français, Mainiot ou Angevin comme dans « aneit/anuit » (aujourd’hui), « neit/nuit » (nuit Français), « qeisse/cuisse » (cuisse Français) ou « pei/pui » (puy, mont Français). Même chose pour des mots comme « maezei » (désormais), « depeis » (depuis) et « peis » (puis). On trouvera cette même constatation pour le Normand du Sud de la ligne Joret s’alignant pour « anuit » sur le Mainiot (F. Manzano, 1996). On remarquera sur la figure que sur ce point, le parler du Pays de Retz s’inscrit tout à fait dans le domaine Gallo (« anét » pour Aujourd’hui, « nét » pour Nuit, « pé » pour Puy …), ce qui met à mal la théorie fréquemment admise que le parler du Pays de Retz est un sous-dialecte de l’Angevin. Par contre le Vendelais et le Pays d’Ancenis font zone tampon entre Gallo d’une part, et Mainiot-Angevin, d’autre part, avec la simultanéité vue sur la carte des 2 prononciations (voir aussi pour le Vendelais le livre de J. Choleau sur le « parler du Pays de Vitré » présenté dans la Partie I).
Figure 3 Prononciation du mot Aneit/Anuit (aujourd’hui) en Gallo et en Manceau-Angevin (carte G. Guillaume)
Dans ce contexte de perméabilité de nos langues d’Oïl d’Ouest en Est, il ne faudra pas s’étonner de trouver des expressions strictement identiques entre 2 parlers impliqués géographiquement opposés dans cette transition comme le Gallo et le Percheron : « C’est-ti que tu veux jouer à cute asteure ? » (Est-ce que tu veux jouer maintenant à cachecache ?) ; « Eyou don qu’tu vas ? », « J’va cez ma mére pour assayer de me défuter », « Viens t’en don putout canté-mé » (où vas-tu ? Je vais chez ma mère pour essayer de me distraire. Viens donc plutôt avec moi) ; « L’efant-la, c’est son pére tout pacré » (cet enfant, c’est son père parfaitement ressemblant). Toutes ces expressions en Percheron, tellement classiques en Gallo m’ont été fournies dans les années 80 par MR Simoni-Aurembou, la spécialiste du Percheron (quand il était encore vivant) Voir Partie I. On peut y accéder dans son livre de 1979 désormais introuvable si ce n’est dans les bibliothèques du Perche « Trésor du Parler Percheron » qu’elle avait eu la gentillesse à l’époque de me dédicacer.
Cette transition est beaucoup plus tranchée. Mais il faut savoir que le Poitevin est lui-même organisé en transition à son Sud vers le Saintongeais, avec lequel il est considéré par certains comme partie d’un Poitevin-Saintongeais commun (et non par d’autres qui considèrent ce Poitevin-Saintongeais comme une construction artificielle). Le Poitevin est également organisé en transition par son Sud-Est vers le Limousin (de langue d’Oc) par le passage par la zone du Croissant ou des Marches (où la langue est intermédiaire entre langues d’Oïl et langues d’Oc). Le Limousin occitan est lui-même en transition dans son Sud vers le Languedocien (langue d’Oc également), lui-même en double transition : à son Sud-Ouest vers le Gascon et le Castillan espagnol et à son Sud vers le Catalan, de part et d’autre de la frontière avec l’Espagne … (voir carte des langues de France, ci-dessus).
Nous aborderons en détail la transition du Gallo vers les langues d’Oïl du Sud dans la partie IV-B grâce à la confrontation de données du Gallo Nord (dont nous verrons bientôt que c’est celui qui a été retenu comme Gallo « standard », celui de la Bretagne administrative) à celles de Loire Atlantique, celles du Pays de Retz, celles du Poitevin et celles de parlers encore plus Sud, par exemple Limousin donc de langue d’Oc. La transition initiale du Gallo Nord (Bretagne administrative) vers les parlers Gallo de Loire Atlantique a été très bien étudiée dans la thèse de Serge Jouin « Le parler Gallo d’Abbaretz (44) et d’ailleurs ». Cette magnifique thèse a été publiée dans d’excellentes conditions en 1982, a été de nombreuses fois citée et exposée par les militants Gallo. Mais à ma connaissance elle n’a été que très peu travaillée et exploitée par le mouvement actuel du renouveau Gallo, animé entre autres par l’Institut du Galo (comme d’ailleurs les travaux de J.P. Chauveau d’analyse des données de l’ALBRAM). Cette carence est en grande partie responsable des lourdes conséquences du rejet, dans les faits, des parlers Nantais du domaine Gallo (voir les Parties V et VI)
Cette transition correspondrait à l’influence du Breton sur le Gallo essentiellement organisée par maintien de caractéristiques du Breton (entre autres du vocabulaire) au cours de son recul progressif. Il s’agirait d’une transition directe du Breton vers le Gallo.
Si l’on en croit les études de la revue Vantyé des années 80 l’influence du Breton sur le Gallo serait très forte pour un grand nombre de mots.
Cette affirmation semble assurée en effet pour quelques rares mots d’ailleurs souvent peu diffusés au-delà de la limite des 2 langues. Ainsi :
Groupe 1
Mais il en est différemment pour un certain nombre de mots qu’il est de tradition de citer, mais pour lesquels la situation est quelquefois plus complexe, par exemple :
Groupe 2
« gâpâ » équivalent Gallo du Breton « gwaspell » (balles de céréales)
« bughen ou beghen » équivalent du Breton en prononciation vannetaise « buhugenn » (lombric)
« danjère » équivalent Gallo du Breton « doñjer » (dégout)
Groupe 3
« cuter » équivalent Gallo du Breton « kuzhat » (cacher) avec la correspondance classique entre « zh » breton et « t » roman.
« heude » équivalent Gallo (voir Partie I) du Breton « heud » (entrave, avec ses dérivés)
« pacré » équivalent Gallo du Breton « pakret » (pour « absolument, très ressemblant »).
« canté, caté » au sens de « avec (accompagnement) » équivalent Gallo du Breton « gant » (avec).
« bourder » (stopper, bloquer) équivalent Gallo du Breton « bourdiñ »
Groupe 4
« atiner ou ataïner » équivalent Gallo du Breton « atahinañ » (agacer, provoquer)
« tabut » équivalent Gallo du Breton « tabut » (souci, dispute, entêtement)
« beloce » équivalent Gallo du Breton « polos » (prunelle)
« bran » équivalent Gallo du Breton « brenn » (son de farine)
« galerne » équivalent Gallo du Breton « gwalarn » (Nord-Ouest)
Dans tous les cas, l’absence de données sur les formes Gauloises ne permet pas d’aller beaucoup plus loin.
Enfin, pour d’autres un mouvement au contraire du Gallo vers le Breton, particulièrement vers le Breton Vannetais, comme le mot « beurton » (pour langue bretonne), le mot « avouillet » pour entonnoir, « bourdet » (pour embourbé, stoppé), « heud » pour entrave), avec comme plus haut le doute lié au Gaulois quand le mot Gallo est aussi retrouvé dans d’autres langue d’Oïl...
La plupart de ces exemples ont été étudiés dans : Claude Capelle « Le Gallo et les langues celtiques : recueil et commentaires des études de E. Ernault, F. Luzel, PY Sébillot, J. Loth, T. Jeusset, F. Tymen, A. Even, W von Wartburg, L. Fleuriot et de l’ALBRAM », Etudes et Recherches Gallèses (1988).
L’origine gauloise de certains mots Gallo proches du Breton est mise en évidence dans le Dictionnaire étymologique du Breton d’Albert Deshayes, éditions du Chasse-Marée (2003). En cours de réédition aux éditions Label LN, avec prise en compte des travaux de M. Ménard et de J.P. Chauveau. Il en est de même pour le Dictionnaire étymologique de la langue française d’O. Bloch et W. von Wartburg PUF (1975).
Les liens avec le dialecte Vannetais du Breton sont obtenus à partir du Dictionnaire Français-Breton Vannetais de M. Herrieu éditions Bleun-Brug Bro-Gwened (1981)
Mais la Transition T4 pourrait correspondre aussi à une influence de prononciation.
A la limite linguistique, il existe une nette influence par l’accentuation, le durcissement des consonnes en final absolue (hors liaison).
Et on a cette situation pour les couples de consonnes « dure/douce » : t/d, p/b, s/z, ch/j, k/g, f/v.
Nous étudierons plus loin (Partie III) cette transition appliquée au parler du Pays de Retz.
On pourrait qualifier cette transition de « transition historique » qui conjointement à la principale transition Est-Ouest (T1) a fait évoluer de façon décalée dans le temps chacun des parlers, même à un niveau extrêmement local, ce qui par son caractère très inégal, amène un caractère sporadique, voire aléatoire, à la présence ou l’absence de nombre d’archaïsmes, brouillant un peu les cartes des spécificités de chacun de ces parlers.
Nous verrons plus loin un certain nombre d’exemples appliqués au Pays de Retz, en particulier dans les Parties IV-A et IV-B où nous rappellerons l’existence de ce phénomène de « transition historique ». Nous verrons ainsi que certains de ces archaïsmes sont plus fréquemment conservés dans le Sud du domaine Gallo, c’est-à-dire dans les parlers Nantais.
La francisation récente ou en cours à un niveau quelquefois local d’un certain nombre de caractéristiques spécifiques du Gallo est aussi à envisager dans le cadre de cette transition historique. 2 exemples fréquents :
e1- la francisation en « oué » de la diphtongue « aï » du Gallo.
Un peu de phonétique historique (allégée) du Français et du Gallo.
Les « oi » Français correspondent à 2 groupes d’évolution à partir du Latin :
[On peut lire à ce sujet une savoureuse anecdote historique sur Louis XVIII et la Restauration dans l’excellent petit livre « Les mots immigrés » éd. Stock (2022) d’E. Orsenna (l’Académicien qui soutient activement les écoles Diwan et a défendu la loi Molac en 2021) et Bernard Cerquiglini (rédacteur su rapport « Les langues de la France » au ministre de l'Éducation nationale 1999) : Le roi Louis XVIII après un retour d’exil, resté à la prononciation « ouè » s’est ridiculisé par un « Le rouè, c’est « mouè ! » alors que tout le monde disait désormais « Le roa, c’est moa ! ».
On pourra aussi relire plus haut mon expérience personnelle de l’ « accent de Seine-et-Oise » à ce même sujet.]
Si, en Gallo, le groupe 2 a bien suivi l’évolution du Français de « o » vers « oi » puis « oé », « oè » et, éventuellement « oa » (on a en Gallo : « un boué » ou « un boua » pour bois Français), le 1er groupe s’est arrêté à « é », « éï », aï » (et éventuellement à « a » en finale (voir Partie III). On obtient ainsi en Gallo moderne aux mots en « mai, tai, sai, dai, sai, drét, sèr, nér, tèt, fréd, paisson, devèr, avair, savèr, crére » avec leurs variantes (dans le même ordre que plus haute pour le 1er groupe Français.
Et la francisation ?
Cette différence avec le Français pour le 1er groupe est, à mon humble avis, l’un des principaux traits caractéristiques du Gallo. Et ce groupe est en cours de francisation dans l’ensemble des langues d’Oïl. Sur ce point le Mainiot actuel (ou ce qui en reste) est hautement francisé, certains parlers Gallo le sont aussi. Cette francisation s’impose de façon aléatoire dans les différents parlers mais elle a d’abord touché depuis longtemps certains mots socialement très marqués. Ainsi « roué » a depuis longtemps remplacé « rai » pour le mot « roi », de même pour « loué » (loi) ou « Louère Atlantique » au lieu de Leire (Loire). Le verbe « pouvoir » se maintient en Gallo « pouvair » mais le substantif « le pouvoir » est francisé en « le pouvouèr ». Par contre le mot « mai » pour « moi », prononcé « mé, mai ou ma » tient bon (voir Partie III). D’autres ont basculé plus récemment de façon apparemment aléatoire : à Pornic les anciens se souviennent du mot « pésson » abandonné depuis longtemps pour celui francisé de « poésson ». Certains mots sont bien conservés dans le mot racine, mais francisés ici ou là dans leurs dérivés. Par exemple le mot « sèr » (pour « soir ») mais le dérivé francisé « souérée » (soirée).
Et c’est là qu’arrive l’intérêt de ne pas confondre les 2 groupes :
Il faut prendre conscience que dire « boués » pour parler d’un bois est du Gallo (ou une forme ancienne de prononciation du Français). Mais dire « moués » (mois), fouès (fois), souèr (soir) ou « avouèr » (avoir) n’a rien à voir avec du Gallo, même si l’apparence est « exotique » par rapport au Français moderne, et est au mieux la prononciation vieillie du Français (d’avant la Révolution à Paris ou celle du milieu rural de Massy dans le Hurepoix à 20 km de Paris dans les années 50, voir plus haut). Il ne s’agit pas de faire la chasse aux mots francisés dans la bouche des derniers locuteurs Gallo mais dans les structures qui défendent le Gallo (cours, ateliers, publications) il faut privilégier absolument la forme originelle et proscrire la forme francisée.
Ci-dessous les problèmes sur ce sujet :
Nous retrouverons cet exemple concernant les correspondances entre « ai » et « oé » Gallo, d’une part, et les « oi » Français d’autre part dans le Pays de Retz dans la Partie III.
e2- la francisation en « –iao » de terminaisons initialement en « -è » correspondant aux terminaisons en « -eau » du Français moderne (par exemple le mot « chapeau ».
Là encore, un peu de phonétique historique (allégée) du Français et du Gallo.
La terminaison latine en –ellus a évolué en –el, puis en –eu (prononcé « èo »), puis en –eau (prononcé en « éao », « iao », « iô » et finalement « ô ») tout en restant écrit –eau (écriture actuelle en Français, par exemple « un chapeau »). Même chose pour le pluriel écrit initialement –eaus puis –eaux sans différence de prononciation (-ô), donc « des chapeaux). Même chose pour des adjectifs devenus, par exemple « beau » à partir de « bel ». Tous ces mots en Français donnent des dérivés avec un « l » : chapeau/chapelier, marteau/marteler, bateau/batelier, couteau/coutelier, oiseau/oiselier, beau/belle, nouveau/nouvelle
Nous ne parlerons pour l’instant que de la forme en Gallo du Nord (fixée arbitrairement en Gallo « standard ») voir plus bas. Mais nous verrons dans la Partie IV-B que la situation est plus complexe si on prend en compte toute la diversité du Gallo, en particulier les formes Nantaises.
La terminaison latine en –ellus a évolué en –el, comme en Français au départ, mais au singulier le « l » terminal a disparu et la forme actuelle est ainsi en « è », par exemple « un chapè » ou « un martè ». [Réinsistons : nous verrons dans la Partie IV-B la différence avec ce qui s’est passé pour les parlers de Loire-Atlantique].
Et au pluriel, -els a suivi au départ la même évolution qu’en Français. On a eu –eos, -éaos, -iaos, -iao. Et l’évolution s’est arrêtée là en terme de prononciation. On a donc « des chapiao » …
Mais pour les adjectifs, l’évolution ne s’est pas arrêtée à « è » et s’est continuée au départ comme en Français : de –el, elle est passée en -eu, prononcé « èo », puis « éao », « iao » mais en Gallo « standard », la prononciation s’est arrêtée à ce stade d’où « un biao chapè », « un nouviao martè » … mais « des biao chapiao », « des nouviao martiao » …
Pour l’adjectif au féminin, on obtient « belle », « belles », « nouvelle » et « nouvelles », comme en Français (et non pas « bielle » et « nouvielle » comme certains l’écrivent dans un Gallo de synthèse, pour se différencier artificiellement du Français. (voir Partie V). Donc « une belle chaire » (une belle chaise), « des nouvelles chaires » (des nouvelles chaises).
Un peu long, mais au moins ça sera fait ! Mais la francisation ? [Toujours pour le Gallo « standard », sachant que les parlers Nantais sont sur ce point moins sujets à la francisation]
Et bien, c’est simplement l’application forcée du système Français (juste un tout petit peu moins poussé en s’arrêtant principalement au stade « iao » là ou en Gallo on attendrait un légitime « è ». Exemple « un chapiao » sera le résultat d’une francisation. Et comme pour le point précédent (la francisation d’un « aï » Gallo en « ouè ») la francisation se passe la plupart du temps de façon aléatoire dans les différents parlers, mais la marque sociale du mot joue aussi. On dira ainsi souvent « le châtiao » à côté du mot « le chapè » pour un même parler.
Comme pour le point précédent, il ne s’agit pas de faire la chasse aux mots francisés dans la bouche des derniers locuteurs Gallo mais dans les structures qui défendent le Gallo (cours, ateliers, publications) il faut privilégier absolument la forme originelle et proscrire la forme francisée. Il faut donc prendre conscience que « un chapiao » est une forme francisée, même si elle est différente oralement du Français moderne. Par contre dire « un biao chapè » ne présente pas de francisation sur « biao ».
Voici donc pour les 2 principaux points de francisation, mais il en existe aussi beaucoup d’autres au niveau du vocabulaire, quelquefois prenant une forme plus sournoise par remplacement d’un mot spécifique (d’origine différente du Français) par un mot de même origine que le Français, mais simplement avec une petite différence de prononciation. Nous verrons un certain nombre de francisations par le vocabulaire dans la Partie IV-B.
Cette conception de langue-transition avec des espaces plus originaux que d’autres est bien visible dans la carte de la Figure 5 issue des analyses de l’ALF (Association Esprit Gascon https://espritgascon.wordpress.com/) qui représente la somme des différentes isoglosses discriminantes à travers les différents parlers romans de France.
On visualise bien les 3 premières transitions décrites ci-dessus : transition douce du Gallo au Nord-Est vers le Normand qui s’arrête à la ligne Joret (isoglosses 19 et 54), transition douce à l’Est du Gallo vers le Manceau ou l’Angevin et les parlers plus centraux (Percheron, Beauceron) et transition beaucoup plus tranchée au Sud et Sud-Est vers le Poitevin après le franchissement d’un faisceau d’isoglosses très dense. Les transitions 4 (à partir du Breton, voir Partie III) et 5 (transition historique, voir Parties IV-A et IV-B) n’apparaissent pas sur la carte de par leur caractère aléatoire.
A noter sur cette carte que la cassure entre le Gallo et le Poitevin se passe bien à l’extrême Sud du Pays de Retz et non au niveau de la Loire, comme d’ailleurs observé dans la Partie IV-B). Dans la carte, on visualise également bien les divergences plus tranchées pour le Picard et le Wallon à l’intérieur du domaine d’Oïl. On aperçoit de même la ligne de séparation du continuum Gallo-Manceau-Percheron-Beauceron vers la spécificité véritable du Normand par la ligne Joret décrite ci-dessus.
Notre Gallo doit donc être bien compris comme principalement l’extension vers l’Ouest des langues d’Oïl du Centre organisée en continuum et non, comme certains militants Gallo le jugent souvent trop rapidement et superficiellement, comme une langue-isolat déconnectée des autres langues d’Oïl de l’Ouest de la France. La principale spécificité du Gallo serait alors due essentiellement aux autres transitions : transition vers le Poitevin, transition vers le Breton et transition historique (moins effective pour le Gallo que pour nos langues sœurs de l’Est.
Mais langue ou dialecte ? Les Alsaciens, comme de plus en plus les Flamands de France, se battent pour la reconnaissance de leur dialecte allemand pour les premiers et néerlandais pour les seconds. Ils le font car ils revendiquent leur rattachement différencié à une langue qui, semble-t-il, reconnait les diversités. Ce n’est pas le cas pour la France, et le Gallo ne peut pas alors être qualifié de « dialecte français ». Alors « dialecte de langue d’Oïl » ou « langue d’Oïl de Bretagne » ? ou encore « langue romane de Bretagne, c’est-à-dire encore « britto-roman comme nous l’avancions dans les années 80 ? De toute façon, je crois, …. langue. Ce n’est plus un jeu de linguistes mais un jeu politique d’identité (ou identitaire, si le mot ne fait pas peur), voir Partie VI. Et de toute façon, sur cette même base, on doit parler de « langue » des signes et plus de « langage » des signes.
Comme toute langue minorisée qui veut sa sauvegarde, en ce XXIème siècle, une langue doit chercher à s’afficher et être enseignée par l’écriture, c’est-à-dire en se définissant une langue standard et une graphie unifiée (voir Partie VI).
Un Gallo standard pourrait être une forme moyenne prenant en compte les différentes formes dialectales du Gallo. Cette démarche impose une recherche sur les différentes formes dialectales (dialectologie) pour définir donc un réel Gallo standard sans uniformisation de la langue.
Pour définir une langue standard, il est pourtant souvent tentant de choisir un dialecte particulièrement connu et illustré pour l’imposer en tant que langue standard aux autres dialectes. C’est ce qui a été fait jusqu’à présent en Gallo, comme présenté par Fabien Lécuyer dans un article en Gallo dans l’hebdomadaire en Breton et en Gallo « Ya ! » du 18/3/2022 (n°875) « Qheu Galo standard ? », à la suite d’un choix basé sur la forme du Gallo la plus abondamment illustrée (article sur « Ya ! » n°881 du 29/4 2022 par le même auteur : « J’arons-ti, un jou, des (vras) ecrivaijes en Galo ? »). Mais comme nous le verrons dans la suite de cet exposé, cette méthode est délétère car elle exclut d’emblée de la langue standard les formes non prises en compte et qu’elle uniformise sans unifier.
Les cours pour adultes animées par l’Institut du Gallo se résument d’ailleurs effectivement aux seuls départements 22 et 35. Quant aux groupes de discussion, il existe quelques tentatives plus au Sud, mais organisées par des animateurs du 35.
Figure 7 : Localisation des activités sur le Gallo (document Institut du Galo) En rouge : localisation des leçons de Gallo pour adultes En gris : localisation des groupes de discussion
Dans ces conditions, on ne peut que constater que le Gallo empiriquement et arbitrairement retenu comme « moyen » ou « standard » avec le critère de la localisation des activités en Gallo ne correspond qu’à un Gallo « moyen » pour la Bretagne administrative. Axé approximativement sur les parlers du Centre Ouest, ceux de la région située entre le Mené et Brocéliande, à la jonction des 3 départements de la Bretagne administrative (départements 22-35-56). Donc excluant dans les faits les formes parlées dans le Pays Nantais.
Figure 8: Localisation approximative du parler retenu comme Gallo « standard » (carte R. Auffray, annotée)
C’est ce Gallo particulier qui a été reconnu en pratique comme « standard » malgré sa localisation très marqué Nord-Ouest du domaine Gallo. C’est ce Gallo « standard » qui a commencé à être pris en compte dès les années 90 dans les écrits d’intérêt général qui se voulaient représenter officiellement le Gallo dans toute sa diversité. Ainsi a été publié en 1993 le premier ouvrage de ce type : la traduction des aventures de Tintin : « Les équeroueys à Tintin. Sus l’ile naire » à laquelle j’ai participé aux éditions « Rue des scribes » (voir Partie I). Cette publication qui arrivait juste après l’échec relatif du grand débat des années 80 sur la constitution d’une graphie unifiée reconnue par la communauté des militants du Gallo a été réalisée grâce à une graphie empirique, basée essentiellement sur les codes du Français (pour ne pas rebuter les lecteurs habitués à la lecture du Français). Elle reprenait néanmoins quelques points de la graphie unifiée inter-dialectale « Aneit) élaborée dans les années 80 (voir Partie VI) mais ignorant clairement les parlers de Loire Atlantique (voir Partie V).
D’autres écrits ont suivi avec une accélération dès la fin des années 2000, toujours avec comme base le même Gallo « standard » et une graphie toujours empirique dite « Graphie ABCD » élaborée par l’Association des enseignants de Gallo (2009). Ce Gallo « standard » et cette graphie « ABCD » utilisés jusqu’à ce jour par la partie officielle du mouvement Gallo (autour de l’ « Institut du Galo ») continuent à ignorer les spécificités lexicales et phonétiques des parlers Nantais comme nous le verrons et dont nous verrons les graves conséquences dans la Partie V et les solutions pour y remédier dans la Partie VI.
Bibliographie
Diversité des parlers Gallo
-« Parlons Gallo, patois de Haute-Bretagne » Les Amis du Parler Gallo (1978)
-« Anthologie de littérature gallèse contemporaine », éditée par les Amis du Parler Gallo (1982)
-« Haote Bertagne. Parlements e ecrivaije », éditions Centre Marc Le Bris, Livre-CD (2002)
-« Haote Bertagne. Parlements e ecrivaijes », éditions Centre Marc Le Bris, Livre-CD (2010)
-« Haote-Bertègne. Parlements e ecrivaijes » éditions CAC Sud 22, Livre-CD (2013)
-« Rassererie d’Ecrivaijes du Paiz Galo, Anthologie de textes Gallos » Association des Ecrivains de Galo, Rue des Scribes Editions, Livre-CD (2014)
-« Haute-Bertègne. Promenerie en paiz galo », éditions CAC Sud 22, Livre-CD (2020)
Sources et données sur les relations entre Gallo et Breton (transition T4)
A partir de Claude Capelle « Le Gallo et les langues celtiques : recueil et commentaires des études de E. Ernault, F. Luzel, PY Sébillot, J. Loth, T. Jeusset, F. Tymen, A. Even, W von Wartburg, L. Fleuriot et de l’ALBRAM » Etudes et Recherches Gallèses (1988).
Dictionnaire étymologique du Breton d’Albert Deshayes, éditions du Chasse-Marée (2003). En cours de réédition aux éditions Label LN, avec prise en compte des travaux de M. Ménard et de JP Chauveau.
ALBB (Atlas linguistique de la Basse Bretagne) dir. P. Le Roux (1927), version en ligne http://sbahuaud.free.fr/ALBB/
Les langues d’Oïl impliquées dans les Transitions T1, T2 et T3
. Mainiot
- Amand Dagnet « Le patois Manceau » (1891). A. Dagnet a également publié pour comparaison 2 études de parlers Gallo : « Parler du Coglais », et « Le patois fougerais » (1890) réédités en 2014 par les Editions Label LN
- G. Dottin « Glossaire des parlers du Bas-Maine (réédition, 1978). G. Dottin a également publié (avec J. Langouët) en 1901 pour comparaison un « Glossaire du parler de Pléchatel, Ille et Vilaine ».
- R. Verdier « Grammaire du dialecte du Haut Maine. Phonétique, morphologie, syntaxe » et « Dictionnaire phonétique, étymologique et comparé du patois du Haut-Maine », auto-publications du Râcaud (années 1970)
- Article dans Le Lian n°7 (1980) sur le Mainiot « Nos vaizins du Maene » et ses relations avec le Gallo, ainsi qu’une interview de Roger Verdier accompagnée de certains de ses textes en parler du Haut-Maine.
- « Le patois mayennais » Club des retraités du Cercle Jules-Ferry, Laval (1980)
- « Parler Sarthois » revue Cénomane (1982)
- S. Bertin, D. Beucher, livre-CD « Trésor du parler cénoman » (2004)
- JL Trassard « L’homme des haies » éditions Gallimard (2012)
- « Aventures de Tintin » / Les vernées au Tintin » aux éditions Casterman : « L’ z’emmanchées au gârs Tournesô » (2016) et les 2 tomes de « L’Tintin et la leune » (2018) : « La leune !... et qu’ça rouette ! » et « N’on a piâné su’ la leune ».
. Beauceron
- Gaston Couté, « Chanson d’un gâs qu’a mal tourné », en 5 volumes et un glossaire des mots et expressions employés par G. Couté (parlers des pays de Beauce, Sologne, ou du Val de Loire Orléanais, éditions « Le vent du Ch’min » (1977). Gaston Couté était un chansonnier libertaire beauceron du début du XXème siècle.
-Article « Au vent du ch’min, les poètes beauceron et Gaston Couté » dans Le Lian n°10, (1981).
. Percheron
-MR Simoni-Aurembou « Trésor du Parler Percheron », Association des Amis du Perche (1979)
. Angevin
-A Jeanneau et A. Durand « Le parler populaire en Anjou », éditions Pierre Rabjeau (1977)
-A.J. Verrier et R. Onillon « Glossaire des patois et des parlers de l’Anjou », réédition (1970)
. Normand
Sud de la ligne Joret
-F. Manzano « De la névrose sociolinguistique et identitaire en zones de marche : Bretagne, Normandie, Mayenne » in Klask n°3 Presses Universitaires de Rennes (1996) pour la transition Gallo-Normand-Mainiot (Sud de la ligne Joret).
Nord de la ligne Joret
-H. Gancel « V’nous d’aveu mei ?, Méthode de Normand » Universités Populaires Normandes (1984).
Ligne Joret
. Poitevin
-M. Gautier « Grammaire du Poitevin Saintongeais (parlers de Vendée, Deux-Sèvres, Vienne et Charentes, Charentes Maritime) » Geste éditions (1993).
-J. Renaud « Le Patois Rétais », livre CD, Editions CPE (2012)
-P. Rézeau « Un patois de Vendée. Le parler rural de Vouvant » Librairie Klincksieck (1976)
-J.C. Tué « Glossaire Patois Maraichin de Beauvoir-sur-mer » éd. bookEnvol (2022)
. Textes dans les 7 langues d’Oïl représentées à DPLO (Défense et promotion des Langues d’Oïl, voir Partie I)
« Paroles d’Oïl. Choix de textes en Langue d’Oïl » avec traductions et glossaires, dans les différentes langues représentées à DPLO : Wallon, Picard, Champenois, Normand, Gallo, Bourguignon-Morvandiau, Poitevin-Saintongeais. Défense et Promotion des Langues d’Oïl. Geste éditions (1994).