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3 janvier 2025 5 03 /01 /janvier /2025 13:30

Karrikell :

Voici un texte de René Kerviler (texte 1873) au sujet de l'origine du port de Saint-Nazaire. Comme d'habitude dans Karrikell je l'ai aéré et expurgé de notifications peu intéressantes pour une lecture simplifiée .

 

Je l'ai découpé en onze parties.

vous pouvez retrouver l'original ici :  René Kerviler - Armorique et Bretagne

 

J'ai transformé les notes de bas de page  en paragraphe inclus dans le texte mais en gras italique.

Ce qui est en bleu est un ajout de ma part. Je l'ai agrémenté de photos ou images .

 

 

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Tables des matières lien

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Histoire de la fondation du port de Saint-Nazaire - René Kerviler (1/10)
Histoire de la fondation du port de Saint-Nazaire - René Kerviler (1/10)

Cette étude a été publiée pour la première fois comme premier chapitre de la grande Notice sur le port de Saint- Nazaire, publiée par les soins du Ministère des travaux publics au tome v de la l'Atlas des ports maritimes de France. Tirage à part, Paris, Imprimerie

Introduction

 

Il y a quarante ans , le port de Saint-Nazaire n'était encore qu'un simple abri de chaloupes de pilotes , comme en 1788 , à l'époque où Arthur Young, accomplissant son voyage en France , écrivait pour toute indication :

 

 

" Vers Nazaire , il y a une belle vue de l'embouchure de la Loire, du haut des collines ; mais les pointes de terre qui forment son embouchure sont basses , ce qui lui ôte de cette grandeur que les terres élevées donnent à l'embouchure de la rivière Shannon ."

 

 

Rien de plus sur le bourg que Piganiol de la Force n'avait pas même cité en 1754, dans sa Nouvelle description de la France, bien qu'il y eût décrit complaisamment un grand nombre de localités plus ou moins importantes de l'évêché de Nantes et du comté nantais .

 

 

C'est aujourd'hui , en revanche , le lieu d'embarquement ou de débarquement de plus de deux millions de tonneaux de marchandises , et l'année 1881 a vu tripler sa surface de bassins à flot qui , de 10 hectares , s'est élevée à 33.

 

 

Or, l'histoire de ce développement extraordinaire est complètement inédite , et la France ne connaît pas sur son territoire d'autre exemple de si brusque transformation .

 

 

C'est pourquoi nous avons pensé qu'il y avait un intérêt spécial à recueillir et à détailler , dès l'origine , une série de documents qui pourraient courir le risque d'être égarés ou détruits ' , si l'on ne s'empressait de les soustraire aux injures du temps .

 

 

Cette notice sera donc une véritable histoire de la fondation et du développement du port et de la ville de Saint-Nazaire .

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1 . Saint-Nazaire jusqu'au XIXeme siècle

 

Saint-Nazaire s'appuie sur un promontoire granitique en forme de presqu'île dont l'occupation remonte à la plus haute antiquité et qui , par sa situation remarquable, en saillie très avancée sur la rive droite de l'embouchure de la Loire , fut toujours regardé comme la véritable clef de la rivière .

 

C'est pour cela que la ville de Saint-Nazaire porte aujourd'hui une clef dans ses armes .

 

(De gueules à la galère d'argent portant une clet de sable sur la voile, au chef d'hermine cousu d'une clef en bande . Devise : Aperit et nemo claudit. Les navires entrant en Loire saluaient jadis d'un coup de canon une croix élevée sur le rocher de Saint-Nazaire. La «clef » leur ouvrait alors la porte.)

Blason en 1945 - Archives de Saint-Nazaire

Blason en 1945 - Archives de Saint-Nazaire

Ce promontoire était jadis beaucoup plus isolé qu'il ne l'est aujourd'hui , et l'aspect général du rivage , il y a trente siècles, était très différent de l'aspect actuel ; les atterrissements d'argile et de sable formés par les dépôts des eaux troubles de la rivière n'existaient alors que dans la région sous - marine , et la rive rocheuse était très découpée en amont du promontoire :

 

à 600 mètres de distance seulement, venait déboucher en Loire le grand golfe qui s'étendait à la place des tourbières actuelles de la grande Brière ; et cette embouchure, divisée par des ilots granitiques à relief très accusé, pouvait fournir un port très abrité dont la position se trouvait au pied du grand dolmen aujourd'hui retiré dans les terres .

 

(Saint-Nazaire est la seule ville de France qui possède un dolmen authentique sur une de ses places.)

Dolmen de Saint-Nazaire (https://www.snp44.fr/archives/dessins-44/)

Dolmen de Saint-Nazaire (https://www.snp44.fr/archives/dessins-44/)

Les sondages et les fouilles nécessités par les travaux de construction des bassins à flot de nos jours ont permis de reconstruire exactement la topographie du sol à ces époques anciennes.

 

Il a même été possible, par la disposition stratigraphique des couches alternatives d'alluvion se répétant régulièrement de trois en trois dans un ordre constant (sable, argiles et débris végétaux), d'arriver à fixer l'âge de ces couches .

 

Les observations , minutieusement répétées sur 20 mètres de profondeur , ont permis d'attribuer une épaisseur séculaire moyenne de 0,33 au dépôt des alluvions .

 

On a pu reconnaître ainsi que , vers le VI° siècle avant notre ère , le fond de la baie de Penhouët se trouvait à 4 mètres au-dessous du niveau des basses mers actuelles , et que la rive aux alentours du dolmen était habitée par une population au crâne franchement dolichocéphale, (au crâne allongé) se servant d'outils en os et en corne de cerf, d'armes de bronze et de pierre polie et de pirogues mouillées avec de grosses pierres percées d'un trou ou munies d'une gorge de ceinture .

 

(Les deux haches en pierre polie, complètement emmanchées , trouvées en 1877 et en 1880 dans les fouilles du bassin de Penhouët, constituent des reliques archéologiques extrêmement curieuses. Elles sont composées de trois morceaux : la hachette en pierre polie , une douille en corne de cerf et un manche en bois . Ce sont des spécimens uniques de cet emmanchement dans l'Ouest de la Gaule )

 

Pierre polie de Penhouët (Armorique et Bretagne - René Kerviler)

Pierre polie de Penhouët (Armorique et Bretagne - René Kerviler)

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Cette population vivait avec le bos primigenius, l'auroch , le cerf, le porc, le sanglier, le cheval et le mouton .

 

A l'époque de l'invasion romaine , le fond du port situé sous le dolmen s'était relevé de près de 2 mètres par suite de l'apport continuel des alluvions de la Loire, et nous trouvons alors sur la rive une population au crâne encore dolichocéphale , mais offrant des traces d'industrie beaucoup plus avancée , en particulier des poteries assez élégantes , qui ne supposent pas cependant la connaissance du tour.

 

Les Romains occupèrent très fortement le pays , et tout nous porte à croire que c'est le port déjà cité au pied du dolmen qu'ils appelèrent 'Brivates portus'.

 


(M. Ernest Desjardins pense qu'il ne serait pas imprudent de placer aussi là, trois siècles auparavant, le fameux emporium de Corbilo, que Strabon indique à l'embouchure de la Loire et qu'on a placé tantôt à Coueron, tantôt au pied des coteaux de Guérande .)

 

Au III° siècle , au temps du césar gaulois Tétricus , le fond de la baie ne se trouvait plus qu'à 1,50 au-dessous des basses mers , et lorsqu'arriva la fin de l'occupation romaine, au commencement du Ve siècle , l'existence du port était fort compromise par l'élévation continue de l'alluvion . Il ne tarda pas à disparaître complètement ; puis , les vases ayant dépassé le niveau des basses mers , une rivière s'y dessina pour évacuer les eaux de la Brière.

 

Ce fut le Brivet qui prit sans doute son nom du port lui-même . Cependant l'envasement se continuait toujours , enveloppant les îles de Penhouët et de Méan et les réunissant entre elles .

 

Il arriva un moment ( à l'époque de l'effondrement de la grande forêt qui avait réussi à croître sur la tourbe de la grande Brière) où le Brivet rencontra un obstacle quelconque dans son cours à mer basse , près de l'île de Méan ;

 

trouvant à sa gauche de la vase plus molle , il se fraya un lit en amont de Méan, où il coule aujourd'hui sur un col rocheux qui découvre en basse mer d'équinoxe ;

 

et la baie de Penhouët s'envasant de plus en plus , l'ancienne embouchure du Brivet se combla complètement; une petite dune de sable se forma en couronne au-dessus de la vasière , et nous trouvons au commencement de ce siècle un rivage absolument différent de ce qu'il était deux mille ans auparavant .

 

Tetricus, empereur des Gaules . (CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=386453)

Tetricus, empereur des Gaules . (CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=386453)

Ce fut le Brivet qui prit sans doute son nom du port lui-même . Cependant l'envasement se continuait toujours , enveloppant les îles de Penhouët et de Méan et les réunissant entre elles .

 

Il arriva un moment ( à l'époque de l'effondrement de la grande forêt qui avait réussi à croître sur la tourbe de la grande Brière) où le Brivet rencontra un obstacle quelconque dans son cours à mer basse , près de l'île de Méan ;

 

trouvant à sa gauche de la vase plus molle , il se fraya un lit en amont de Méan, où il coule aujourd'hui sur un col rocheux qui découvre en basse mer d'équinoxe ;

 

et la baie de Penhouët s'envasant de plus en plus , l'ancienne embouchure du Brivet se combla complètement; une petite dune de sable se forma en couronne au-dessus de la vasière , et nous trouvons au commencement de ce siècle un rivage absolument différent de ce qu'il était deux mille ans auparavant .

Le Brivet se jetant dans l'estuaire de la Loire de nos jours . (Photo Ville de Saint Nazaire)

Le Brivet se jetant dans l'estuaire de la Loire de nos jours . (Photo Ville de Saint Nazaire)

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Pendant ce temps , une bourgade s'était définitivement installée sur le promontoire granitique , et la paroisse chrétienne fondée par les derniers Romains sous le vocable de Saint-Nazaire avait pris une importance considérable. Le comte de Vannes (Waroch ') (Waroch II en fait mort en 594)  l'avait fortifiée pour faire payer rançon aux navires qui passaient sous les créneaux de ses murs.

 

(Le comte Waroch ou Guérec était peut-être tout simplement le chef gallo-romain de la contrée ; mais il nous faudrait toute une dissertation pour démontrer ici , à la suite de M. Jégou , l'historien de la fondation de Lorient, que Guérec pourrait être synonyme de Cæsareus.)

Waroc'h selon ...ChatGpt

Waroc'h selon ...ChatGpt

Pillé plusieurs fois par les Normands , le vieux bourg se releva sous les ducs de Bretagne , qui lui octroyèrent de nombreux privilèges et l'exemptèrent de certains impôts pour l'indemniser de ses dépenses de garde- côtes.

 

On conserve encore le souvenir du siège mémorable soutenu contre la flotte espagnole en 1375. Mais il ne fut jamais question pendant toute cette période d'un établissement maritime à Saint-Nazaire ; et Paimbœuf, situé à 12 kilomètres en amont sur la rive gauche , beaucoup plus abrité et moins sujet aux incursions des pirates ou des flottes ennemies en cas de guerre , garda jusqu'au XIX• siècle sa situation d'avant-port de Nantes .

Les environs de Saint-Nazaire en 1840 par René Kerviler

Les environs de Saint-Nazaire en 1840 par René Kerviler

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