Karrikell :
Voici un texte de René Kerviler (texte 1873) au sujet de l'origine du port de Saint-Nazaire. Comme d'habitude dans Karrikell je l'ai aéré et expurgé de notifications peu intéressantes pour une lecture simplifiée .
Je l'ai découpé en onze parties.
vous pouvez retrouver l'original ici : René Kerviler - Armorique et Bretagne
J'ai transformé les notes de bas de page en paragraphe inclus dans le texte mais en gras italique.
Ce qui est en bleu est un ajout de ma part. Je l'ai agrémenté de photos ou images .
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Tables des matières lien
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Cette étude a été publiée pour la première fois comme premier chapitre de la grande Notice sur le port de Saint- Nazaire, publiée par les soins du Ministère des travaux publics au tome v de la l'Atlas des ports maritimes de France. Tirage à part, Paris, Imprimerie
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« Considérant » , disait le Conseil municipal : « que Saint-Nazaire, placé sur un rocher fort élevé, est environné d'autres rochers beaucoup moins hauts , mais qui le rendent pour ainsi dire inabordable ; que la rade qui se trouve au N.-E. de ce lieu contient presque toujours un grand nombre de forts bâtiments qui y restent à l'ancre sur un mouillage excellent, sans craindre de toucher , même à la basse mer des plus fortes marées ; que ces bâtiments , soit qu'ils entrent en rivière ou qu'ils soient sur leur départ , ont besoin de se ravitailler, ce qu'ils font avec leurs embarcations, mais avec de grandes difficultés ;
"2° Que Saint-Nazaire est le lieu d'embarquement des habitants des villes et bourgs du Croisic, de Guérande, de Pouliguen, de Piriac, de Mesquer et autres qui se rendent à Nantes,
« Le Conseil municipal est d'avis unanime :
1 ° qu'il est de la plus grande nécessité qu'un môle, long d'environ 400 mètres et d'une hauteur convenable au-dessus des plus grandes marées, soit construit depuis l'extrémité des rochers qui s'avancent à l'E . -S. - E . de Saint-Nazaire jusqu'à la rue qui descend au rivage ; qu'il résulterait de l'édification de ce môle ou chaussée de très grands avantages ; qu'en . outre les pilotes pourraient toujours , à ce moyen , tenir leurs chaloupes à flot et se trouver par conséquent à même de porter à quelque heure de marée que ce soit les secours ou assistances dont les navires qui entrent en rivière ont toujours besoin .
« 2º Que dans l'endroit appelé le Courceau on fasse une arche dont la largeur doit être proportionnée à la quantité d'eau qui est susceptible de passer dans cet endroit (cette eau, dont le cours sera très rapide, entraînera avec elle toutes les vases qui, sans cette arche, s'accumuleraient dans le port et qui dans peu d'années finiraient par le combler entièrement) ;
« 3° Que, pour la sûreté des bâtiments qui arrivent la nuit, il serait nécessaire de construire à l'extrémité du susdit môle une petite tour élevée de quelques mètres, au sommet de laquelle on pourrait mettre au moins pendant les six mois d'hiver, un fanal... »
Tel fut exactement le programme d'après lequel M. l'ingénieur Plantier présenta , le 21 novembre 1826, un projet de môle d'abri et de cales d'embarquement , dont la dépense devait s'élever à 354,826 10.
Le préambule du rapport indique très suffisamment la disposition d'esprit sous laquelle le projet fut rédigé :
« Un môle à Saint-Nazaire ! un môle à Saint- Nazaire ! Tel est le cri qui se fait entendre depuis un temps immémorial vers l'embouchure de la Loire ; tel est le vœu que manifestent tous les navigateurs qui fréquentent l'embouchure de ce fleuve ; tel est le besoin impérieux qu'éprouvent les armateurs et les capitaines qui ont leurs navires mouillés dans une rade ouverte aux vents des tempêtes ; telles sont enfin les demandes que n'ont cessé de faire et que ne cessent d'adresser encore au Gouvernement toutes les autorités locales et principalement la chambre de commerce de Nantes, dont la sollicitude s'étend sur tout ce qui peut contribuer à favoriser, assurer et agrandir la prospérité du commerce ... »
Le projet comprenait un môle d'abri de 197 mètres de longueur et de 8 mètres de largeur à son extrémité , percé, à 73 mètres de sa racine , par une voûte en arc de cercle de 8 mètres d'ouverture et de 8,50 de rayon .
Dans le prolongement du flanc de la culée gauche de cette voûte s'enracinait à angle droit sur le môle d'abri un môle d'embarquement et de débarquement de 61 mètres de longueur et de 12 mètres de largeur, dont 5 mètres pour l'épine centrale horizontale et 3,50 pour chacune des deux rampes , à pente de 0 , 1098, qui devaient la flanquer symétriquement .
Une commission nautique réunie à la préfecture de Nantes le 8 février 1827 présenta quelques objections au projet et demanda son transfert obliquement en aval ; mais on démontra que la construction serait beaucoup plus difficile en ce point et que l'accès serait presque impossible.
Le Conseil municipal se prononça purement et simplement pour la construction du projet Plantier, par délibération du 11 mars 1827 ; et le directeur général des Ponts et chaussées , par décision du 25 octobre de la même année , approuva la grande jetée d'abri, mais en ajournant le môle intérieur avec ses cales d'embarquement qui lui parurent sans doute d'un accès dangereux et difficile.
La dépense se trouvait ainsi réduite à 265,663,36 ; et l'adjudication des travaux eut lieu le 19 décembre 1827 au profit de l'entrepreneur Perraudeau, avec un rabais de 8 p . 0/0, ce qui ramenait la dépense à la somme de 244,410', 19 .
Les travaux devaient être achevés en cinq campagnes et furent d'abord poussés très activement ; mais les négociations entamées pour obtenir la construction simultanée d'une cale d'embarquement vinrent se jeter au travers .
Le môle transversal de M. Plantier était sujet à beaucoup d'objections . M. l'ingénieur Le Mierre , qui lui succéda en 1829 dans le service de l'arrondissement de Savenay, présenta , le 22 mai 1831 , une très heureuse modification au projet définitif, en proposant la construction d'une cale latérale en amont du môle
d'abri à partir de la culée droite de la voûte de chasse.
Cette cale avait l'avantage de supprimer les détours à angle droit, de renforcer le massif des maçonneries du môle d'abri contre l'effort des lames du S.-O. , et enfin de constituer une économie notable à la dépense totale (près de 40,000 francs) en rendant même plus de services que la première , puisque son pied avançait beaucoup plus loin en mer, ce qui permettait une plus longue période d'accostage à mer basse .
Ce projet fut aussitôt approuvé , et les travaux furent joints à ceux de l'entreprise Perraudeau , qui s'éleva ainsi à la somme de 310,000 francs , y compris la tour du fanal à établir sur le musoir de la jetée .
Travaux achevés en 1835
Tous les travaux furent achevés en 1835 , et leur compte, en y ajoutant certaines indemnités allouées à l'entrepreneur, fut arrêté en 1837 à la somme 320,000 francs .