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15 janvier 2025 3 15 /01 /janvier /2025 16:23

Karrikell :

Voici un texte de René Kerviler (texte 1873) au sujet de l'origine du port de Saint-Nazaire. Comme d'habitude dans Karrikell je l'ai aéré et expurgé de notifications peu intéressantes pour une lecture simplifiée .

 

Je l'ai découpé en onze parties.

vous pouvez retrouver l'original ici :  René Kerviler - Armorique et Bretagne

J'ai transformé les notes de bas de page  en paragraphe inclus dans le texte mais en gras italique.

Ce qui est en bleu est un ajout de ma part. Je l'ai agrémenté de photos ou images .

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Tables des matières lien

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Histoire de la fondation du port de Saint-Nazaire - René Kerviler (7/10) - Le Bassin de Penhouët, premières études (1857-1860)
Histoire de la fondation du port de Saint-Nazaire - René Kerviler (7/10) - Le Bassin de Penhouët, premières études (1857-1860)

7. -Le bassin de Penhouët

 

Premières études ( 1857-1860)

 

Besoin pressant d'étendre le bassin dès ...son inauguration

 

Malgré l'étendue du premier bassin , malgré ses 10 hectares d'eau , ses 1,600 mètres de longueur de quais et ses immenses terre-pleins , le commerce nantais en signalait l'insuffisance même avant son achèvement.

 

Nantes , qui s'est souvent opposé à Saint-Nazaire depuis cette époque , ne s'apercevait pas encore que certains intérêts particuliers et secondaires seraient forcément lésés par un déplacement d'ordre général, et dépensait toute son activité en faveur de son avant-port.

 

 

La Compagnie du chemin de fer lance un nouveau projet


Ce fut la Compagnie du chemin de fer de Nantes à Saint-Nazaire qui lança le premier projet de bassin supplémentaire dans le but de faciliter l'aménagement d'une gare maritime spéciale .

 

Etudiée d'abord comme ressource pour l'avenir et dans le but unique de créer une retenue de chasse susceptible de recevoir les navires en réparation ou désarmés, cette idée , suggérée à la Compagnie par les ingénieurs du service maritime , servit de base à deux projets de gare des marchandises et voyageurs présentés successivement par elle le 5 avril et le 16 juillet 1855 et soumis aux conférences réglementaires .
 

Dans ces projets , la Compagnie , tout en disposant les voies de manière à faire face aux besoins les plus larges de l'exploitation autour du premier bassin , réclamait la création de nouveaux bassins dans l'anse de Penhouët , sur lesquels un quai de 250 mètres de longueur devait lui être exclusivement affecté .
 

 

Mais la commission mixte des Travaux publics repoussa ces combinaisons par un avis du 28 juillet 1856 demandant à la Compagnie de nouvelles études , avec réserve pour la marine impériale de toute la partie nord du premier bassin et création d'un second bassin pour le commerce dans l'intérieur même de l'enceinte fortifiée, à la suite de la darse des caboteurs . La Compagnie du chemin de fer y devait jouir d'un quai de 235 mètres de longueur pour son usage exclusif.

 

L'armée s'en mêle et veut toute la part du gâteau

 

Le département de la Guerre et celui de la Marine prenaient le pas de plus en plus sur celui des Travaux publics ; et peu s'en fallut, à ce moment, que Saint-Nazaire , créé pour le service commercial , ne devînt presque exclusivement un port de guerre .

L'élément civil était déjà exclu des deux cinquièmes du développement des quais . Ces dispositions émurent beaucoup l'opinion publique , et le Conseil général du département émit un voeu , dans sa session d'août 1856 , disant que

 

Le département de la Guerre et celui de la Marine prenaient le pas de plus en plus sur celui des Travaux publics ; et peu s'en fallut, à ce moment, que Saint-Nazaire , créé pour le service commercial , ne devînt presque exclusivement un port de guerre .

 

 

Les autorités civiles en désaccord avec le "tout armée"

 

L'élément civil était déjà exclu des deux cinquièmes du développement des quais . Ces dispositions émurent beaucoup l'opinion publique , et le Conseil général du département émit un voeu , dans sa session d'août 1856 , disant que

« pour sauvegarder l'avenir et permettre à Saint-Nazaire. de prendre tout le développement dont il sera susceptible, le bassin ou les bassins à construire se fassent non dans l'axe du redan où il sera impossible de les développer convenablement, mais parallèlement au fleuve, car là l'espace ne manquera pas , et on pourra construire , sans grands frais , tous les bassins qui seront jugés indispensables . »


Le Conseil municipal de Nantes vota le même vœu le 5 septembre suivant.

 

Mais ce qui donna l'impulsion définitive à cette importante question des bassins supplémentaires , ce fut une lettre adressée deux mois après, le 5 novembre 1856 , par la Chambre de commerce de Nantes à M. le Ministre des Travaux publics .

 

La Chambre y insistait tout spécialement sur la nécessité d'une large place disponible pour les navires armés , pour le carénage, pour les réparations et pour les armements en dehors du service régulier, pour les chargements et les déchargements .

 


"Le bassin de Saint-Nazaire" , disait la Chambre de commerce de Nantes, " n'est pas encore mis à la disposition du commerce, et déjà son insuffisance est patente pour tous les yeux. Le département de la marine réclame toute la partie amont du bassin pour les bâtiments de l'Etat , et d'un autre côté la Compagnie du chemin de fer sollicite la concession de ce qui reste de la partie nord et ouest des quais , de telle sorte qu'il ne resterait en définitive pour le commerce que la partie du quai regardant la Loire, entre les portes du bassin et la ville de Saint- Nazaire. Il est à remarquer de plus que l'espace est tellement rétréci sur ce quai par les fortifications qu'il n'y a de place pour aucun atelier, magasin ni chantier, en un mot pour aucun des établissements indispensables aux navires ... "

 

 

Deux projets d'extension en opposition directe

 

La nécessité d'un second bassin se présentait donc impérieuse , et malheureusement deux solutions très opposées se trouvaient en présence :

  • l'une , ne tenant compte que de la situation faite à la ville de Saint-Nazaire par les exigences du Génie militaire et de l'enceinte fortifiée , disposait le second bassin vers le centre de la ville qu'il diminuait considérablement , à moins d'élargir le dispositif de l'enceinte à bastions ;
  • l'autre , au contraire, abattant l'une des barrières de l'enceinte. et rompant l'étroitesse de cette ceinture très resserrée , disposait un second bassin au nord et dans l'axe du premier avec facilité d'extension presque indéfinie .
     

La Chambre de commerce de Nantes , comme le Conseil municipal de Saint-Nazaire et comme le Conseil général du département, se prononça très nettement pour la seconde solution , laissant la première aux seuls officiers du génie .

 

" Nous savons " , disait-elle au ministre des Travaux publics , " que déjà deux avant- projets ont été proposés ... Nous considérons comme un devoir de vous recommander de la manière la plus pressante le second projet établissant le bassin parallèlement au fleuve dans la direction de la pointe de Penhouët, sorte de prolongement longitudinal du bassin actuel qui permettrait, à la suite , de nouvelles créations si elles devenaient nécessaires et dont l'exécution serait à la fois bien plus prompte et beaucoup moins coûteuse que celle du premier . »

 

On ajoutait encore que le bassin prolongé vers Penhouët trouverait une entrée naturelle dans une ouverture facile à pratiquer dans le quai nord du premier bassin , et qu'il aurait l'avantage inappréciable de lui fournir , au moyen d'ouvertures sur le fleuve même, combinées en raison des élévations des marées , les eaux supérieures et limpides des hautes mers de vives eaux .

 

On pourrait ainsi combattre l'envasement très menaçant du premier bassin .

 

Le ministre des Travaux public ordonne une étude minutieuse (1857)

 

Le ministre des Travaux publics ordonna aussitôt une étude minutieuse de la question , et, pendant le cours de l'année 1857 , les ingénieurs préparèrent un grand nombre de projets divers dans le sens général indiqué par l'opinion publique , en rejetant , d'un commun accord , la solution d'un bassin intérieur, préconisée par le ministère de la guerre .
 

Nous ne donnerons pas ici l'indication de toutes les solutions qui furent alors proposées et discutées cela nous entraînerait beaucoup trop loin . Nous nous bornerons à décrire , parmi ces projets , les deux conceptions qui résument le mieux, dans leur économie générale , les idées qui ont ensuite présidé à la rédaction de l'avant- projet définitif du bassin de Penhouët .

 

 

Les deux projets Wattier et Jégou s'opposent

 

L'un de ces projets était dû à l'ingénieur ordinaire du port (M. Alexandre Wattier) et l'autre à l'ingénieur en chef (M. Jégou ) .
 

Tous les deux reposent sur cette idée commune que le nouveau bassin doit non seulement servir à l'extension du port, mais aussi qu'il doit contribuer , au moins en partie, à réparer les pertes subies par le bassin principal et diminuer d'autant les emprunts à faire aux troubles de la mer dans la période ascendante des marées ; enfin qu'il doit aider à la puissance des chasses pour combattre l'envasement dans le bassin principal et dans le chenal .

 

C'est pour cela que tous les deux sont munis d'une prise d'eau spéciale sur la rivière et que chez tous les deux l'écluse de communication est établie à sas avec portes busquées dans les deux sens , afin de rendre les niveaux d'eau complètement indépendants de part et d'autre .
 

Les différences essentielles des deux projets portent sur les dispositions de détail .

 

C'est ainsi que, sur tous les projets de M. Wattier , le pertuis d'alimentation pour la prise d'eau est placé entre les deux bassins et sur fond de vase, par conséquent dans des conditions de construction très difficiles et de manière à intercepter les communications charretières entre les deux terre-pleins , tandis que M. Jégou la dispose au nord , sur le rocher et en réservant la libre disposition du terre-plein de la digue de ceinture pour les cales de construction et leurs relations avec les ateliers du quai des frégates .
 

Ces cales sont placées : à l'intérieur, chez M. Wattier, à l'extérieur, chez M. Jégou . Enfin la position des formes de radoub permet beaucoup mieux la possibilité d'extensions futures dans le projet de M. Jégou que dans celui de M. Wattier, qui est obligé de placer le troisième bassin éventuel à l'ouest dans la vase molle et non pas au nord en terrain plus solide .
 

 

Projets proposés au Ministère des Travaux Publics fin 1857

 

Tous ces projets furent soumis vers la fin de l'année 1857 à M. le Ministre des Travaux publics , qui résolut l'année suivante de trancher les questions de principe en formulant un programme précis pour l'étude de l'avant- projet définitif .

Eugène Rouher - surnommé "le Vice Empereur"- Cette image provient de la bibliothèque en ligne Gallica sous l'identifiant ARK btv1b8432934d/f7

Eugène Rouher - surnommé "le Vice Empereur"- Cette image provient de la bibliothèque en ligne Gallica sous l'identifiant ARK btv1b8432934d/f7

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Eugène Rouher est ministre des Travaux Pubics, entre autres charges en 1857.

 

Eugène Rouher est un homme de loi et un homme politique français, né à Riom, le 30 novembre 1814, et mort à Paris, le 3 février 1884. Il fut l'un des principaux personnages du Second Empire.

Sa position prééminente au sommet de l'État dans les années 1860, lorsqu'il occupa notamment les fonctions de ministre présidant le conseil d'État puis de ministre d'État de 1863 à 1869, lui valut d'être qualifié de « Vice-Empereur ». Il fut, entre la mort de Napoléon III (1873) et celle du prince Impérial (1879), le principal chef du parti bonapartiste.

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Augmentation exponentielle des activités du port en 1858

 

Le mouvement de navigation qui s'était manifesté dès l'ouverture du premier bassin s'accentua, du reste , de telle façon que les prévisions de la Chambre de commerce et du Conseil général furent du premier coup presque dépassées .

 

Le nombre des entrées et des sorties , qui n'avait été que de 467 dans l'année 1857 , s'éleva en effet dès l'année 1858 au chiffre de 1,424 . On pouvait craindre qu'en très peu d'années le bassin ne devînt insuffisant, et , le 24 juin 1858 , M. le Ministre des Travaux publics invita les ingénieurs à dresser un avant- projet définitif d'extension du port de Saint-Nazaire , pour le soumettre aux conférences mixtes prescrites par le décret du 16 août 1853.

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