Culture bretonne de Saint-Nazaire (Brière/Presqu'île Guérandaise/Pays de Retz)
Karrikell :
Voici un texte de René Kerviler (texte 1873) au sujet de l'origine du port de Saint-Nazaire. Comme d'habitude dans Karrikell je l'ai aéré et expurgé de notifications peu intéressantes pour une lecture simplifiée .
Je l'ai découpé en onze parties.
vous pouvez retrouver l'original ici : René Kerviler - Armorique et Bretagne
J'ai transformé les notes de bas de page en paragraphe inclus dans le texte mais en gras italique.
Ce qui est en bleu est un ajout de ma part. Je l'ai agrémenté de photos ou images .
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Tables des matières lien
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On commença par les expropriations de la presqu'île de Penhouêt et de la butte des Moulins, nécessaires à l'établissement du second bassin et de la rectification de la route départementale N- 8 (de Savenay à Guérande).
Les jurys procédèrent en 1862 et 1863. Une surface totale de 37 (illisible doute entre 37 et 97) hectares 3 ares 65 centiares de terrain fut payée 1,703,640»,31.
M.Scott pour la Compagnie générale transatlantique
La Compagnie générale transatlantique ayant demandé le 26 novembre 1861 la concession d'une partie des chantiers de construction prévus à l'avant-projet, on mit d'urgence en première ligne l'établissement de ces chantiers sur la presqu'île de Penhouêt, avec un développement de 160 mètres de digue insubmersible du côté de la rade, longueur nécessaire pour assurer les quatre cales de construction des navires destinés à l'ouverture des services sur New-York et les Antilles.
Les déblais à faire pour remblayer la partie du terrain à conquérir sur la mer devaient être pris dans l'emplacement du bassin lui-même, de manière à être utilisés pour son exécution. Les travaux, évalués à 270,000 fr., furent adjugés à M. Haineau, le 11 avril 1862, avec un rabais de 11 p. 0/0 sous le titre : Creusement dune partie du bassin et établissement de ta partie correspondante des chantiers de construction.
Ils furent achevés à la fin du mois de mars 1863, après de sérieuses difficultés causées par un hiver très pluvieux ; et M. Scott, entrepreneur de la construction des paquebots de la Compagnie transatlantique, prit aussitôt possession des chantiers. La dépense s'était élevée à 223,280 francs.
John Scott (source : https://www.saintnazairenews.fr/news/histoire-comment-john-scott-lanca-les-premiers-paquebots-nazairiens)
L'écluse de communication
On s'occupa immédiatement de l'adjudication d'un lot de travaux beaucoup plus important. Il était urgent de construire, entre les deux bassins, l'écluse de communication qui, d'après l'avant-projet, devait provisoirement servir de forme de radoub, car la Compagnie transatlantique avait commencé en 1862 son service des Antilles avec des bateaux provisoires à hélice qui pouvaient se réparer dans les formes de Lorient et de tous les arsenaux maritimes voisins; mais les navires qu'elle faisait construire à Penhouêt et dont le premier devait être lancé en 1864 étaient des bateaux à roues, de 105 mètres de longueur et 22m 50 de largeur au dehors des tambours. Ces bateaux ne pouvaient trouver de refuge en cas d'avarie dans aucun arsenal et la dernière forme construite au Havre était la seule en France qui pût les recevoir.
Digue de ceinture
Il était aussi urgent de construire la digue de ceinture entre le bassin de Saint-Nazaire et la pointe de Penhouêt, parce qu'il fallait absolument dégager les terre-pleins du bassin de Saint-Nasaire encombrés par les déblais destinés aux anciens fronts de mer et parce que l'anse de Penhouêt, à l'abri du massif du premier bassin, s'envasait rapidement en se chargeant d'alluvions qu'il faudrait plus tard enlever pour le creusement.
Construction de l'écluse de communication et de la digue de ceinture
On rédigea donc un projet simultané de construction de l'écluse de communication et de la digue de ceinture.
Il fut approuvé le 7 mars 1864, et les travaux , s'élevant à 4 millions, furent adjugés le 11 mai 1864 à MM . Monjalon frères avec un rabais de 12 p . 0/0 . MM. Monjalon avaient déjà exécuté la digue de ceinture du premier bassin sur soumission directe en 1847.
L'écluse devait avoir 218 mètres de longueur, dont 140 entre les portes busquées dans le même sens ; et ses buscs étaient établis au même niveau que ceux de la grande écluse d'entrée du bassin de Saint-Nazaire .
Les travaux furent immédiatement commencés , mais les crédits alloués annuellement ne permirent pas de les pousser avec l'activité sur laquelle on avait compté tout d'abord.
Lorsque survinrent les désastreux événements de 1870, la digue de ceinture était cependant achevée et il ne restait plus à terminer de l'écluse que la tête aval du côté du bassin de Saint-Nazaire .
On s'était jusque-là servi du quai du bassin comme batardeau . Il fallut exécuter un immense batardeau en tôle et béton pour construire la tête de l'écluse . La guerre ayant arrêté les crédits , les entrepreneurs demandèrent la résiliation de leur entreprise .
D'abord refusée par le conseil de préfecture , cette résiliation leur fut accordée au mois de mars 1874 par le conseil d'Etat , et le procès en liquidation a duré jusqu'en 1881.
Les travaux de l'écluse furent terminés en régie en 1873.
Portes métalliques et machines de l'écluse
Dans l'intervalle , on avait adjugé (août 1869) la construction de la paire de portes métalliques de 25 mètres, à deux vantaux , qui devait desservir la forme de radoub provisoire, à la Compagnie des forges et chantiers de l'Océan . Ces portes , projetées par M. Révol qui venait de succéder à M. Leferme nommé ingénieur en chef du service quand M. Chatoney devint inspecteur général, furent construites dans l'écluse même à l'abri du batardeau et terminées en 1873 ; elles réalisèrent ce problème fort difficile d'obtenir une étanchéité parfaite entre les poteaux busqués , portant fer contre fer, sans lame de bois ni de caoutchouc interposée .
D'un autre côté, MM . Neut et Dumont (de Lille) avaient obtenu , sur un forfait de 230,000 francs , la construction des machines d'épuisement de l'écluse transformée en forme de radoub , machines dont un devis-programme avait été dressé en 1869 par M. Leferme et qui , installées provisoirement près de l'écluse, devaient servir plus tard aux formes de radoub du fond du bassin de Penhouët .
Ils exécutèrent pour ce prix , en 1870 et 1871, un remarquable engin composé :
1° De deux machines horizontales symétriques de 35 chevaux chacune , actionnant, par couples , quatre grandes pompes centrifuges et pouvant débiter ensemble 5,000 mètres cubes à l'heure ;
2º D'une petite machine indépendante de 12 chevaux actionnant deux petites pompes centrifuges pour les
épuisements courants .
Tout étant prêt , les travaux accessoires de tins, vannages , illoires , etc. , ayant été exécutés en 1873, et un batardeau en maçonnerie ayant été construit au fond nord de l'écluse, on livra la forme provisoire au commerce pour le radoub des navires .
Entrée du 1er paquebot transatlantique en décembre 1873
Le premier paquebot transatlantique y entra au mois de décembre 1873, et ,depuis cette époque jusqu'à l'ouverture du bassin
de Penhouët, il n'y a jamais eu de chômage dans son service .
Bassin de Penhouët
Pendant que l'on construisait l'écluse et la digue de ceinture , on n'oubliait pas le bassin de Penhouët lui-même.
Sans établir encore les détails définitifs de sa construction , on adjugea, au mois d'août 1869, un lot de terrassements (vase et rocher) qui comprenait son creusement dans les limites du périmètre approuvé et jusqu'à une profondeur de 2 mètres au-dessus du plafond du bassin.
Ce travail était évalué à 1,700,000 francs, et l'adjudication eut lieu au bénéfice de M. Nouteau, moyennant un rabais de 22 p . 0/0 .
Cette entreprise de creusement partiel , qui suivit une marche fort lente pendant la période désastreuse de la liquidation des dépenses de la guerre , fut elle-même épuisée vers la fin de l'année 1874 , époque à laquelle M. Révol , atteint par les fièvres paludéennes , fut obligé de quitter Saint-Nazaire et de céder son poste à M. René Pocard- Kerviler ' .
M. Leferme avait été depuis deux ans remplacé comme ingénieur en chef par M. de Carcaradec .
Ici s'ouvre une période d'activité nouvelle dans les fastes des travaux d'établissement du port de Saint-Nazaire .