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4 avril 2023 2 04 /04 /avril /2023 12:59

groupes TN, TL, TR, CR , groupe SR, palatisation, rhotacisme (photo R. Matosevic)

 

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Aller au Sommaire de l'étude

2.1.5 Les groupes TN-, -TL-, -TR- et -CR

Les groupes britonniques -tn-, -tl- et -tr- ont donné -dn-, -dl- et -dr- en britonnique tardif.

Ceux-ci sont partiellement conservés en gallois, mais en breton, ils se sont développés en -zn-, -zl- et -zr-, dans lesquels le <z> était très probablement prononcé comme une fricative dentaire [ð],

par exemple  :

proto britonnique vieux breton moyen breton breton français
lutno lodn lozn loen animal
datla dadl dazl dael assemblée
  latr lazr laer voleur
dacru dacr (dagr) dazr daer

larme

 

En vieux cornique, nous trouvons -ðn- et -ðl-, mais pas de *-ðr- .

Fleuriot compare le développement de ces groupes à ceux du nord de la France.

Le <d> dans les exemples doit être prononcé comme [ð]

par exemple

patrem ‘père’> padre > père;

fratrem ‘frère’ > fradre > frère;

lacrima > lairme > larme

Ainsi, autant qu’en Français qu’en Breton ces groupes sont réduits à des fricatives et finalement à des voyelles ou ils disparaissent.

Fleuriot mentionne que cela se produit également en gallois et en cornique, mais, comme nous l'avons vu, le gallois et le cornique ne changent que les arrêts sans voix en arrêts vocaux ou en fricatives

La première partie du développement, à savoir du sans-voix au voisé, est probablement une particularité caractéristique du britonnique.

Le changement d'arrêt sonore en fricative et sa perte après cela, n'est que trouvé en breton.

Cependant, le fait que ce développement soit présent dans le nord de la France et Breton, ne prouve pas qu'elle ait été causée par le gaulois ou présente en gaulois du tout.

Ajout Karrikell (photo : Novilist.hr)  Ranko Matasović, né le 14 mai 1968 à Zagreb, est un linguiste croate, spécialiste des langues indo-européennes et des langues celtiques, en particulier de l'irlandais.

Ajout Karrikell (photo : Novilist.hr) Ranko Matasović, né le 14 mai 1968 à Zagreb, est un linguiste croate, spécialiste des langues indo-européennes et des langues celtiques, en particulier de l'irlandais.

2.1.6 Le groupe SR-

Le gaulois et le breton ont connu le changement du sr- initial en fr-.

Le gaulois *srogna¯ a été emprunté en ancien français comme froigne ‘mine renfrognée’, le mot breton correspondant est fron ‘narine’, vieux-breton froan.

C'est un des arguments que donne Fleuriot pour assumer le contact linguistique gaulois-breton, bien qu’il soit conscient du fait que le gallois ffroen avait eu le même développement.

Les langues goïdéliques ont gardé le groupe sr- : l’ancien irlandais et l’irlandais moderne srón ‘nez’

Le mot pour ’nez’ est le seul exemple donné par Fleuriot, mais il y en a en fait un autre : Delamarre reconstitue le mot *srut(u)a (courant, torrent ) sur la base des mots lombards comme fruda ‘torrent’, et des toponymes et hydronymes dans les régions alpines telles que Frutz (Autriche), Frödisch (Autriche) et Fritzens (Autriche).

Les apparentés bretons sont le vieux breton  frut ‘courant, torrent’ en breton  froud ‘torrent’, en gallois ffrwd ‘et en vieux cornique frot ‘alvéole’, cf. le vieil irlandais  sruth ‘torrent, courant’

Dans son dictionnaire, Matasovic mentionne la possibilité que le mot gaulois. phroudis, un hydronyme, reflète le même développement de *sr- > fr-

Cette évolution n'est pas seulement partagée par les Gaulois et les Bretons, mais aussi par les Gallois.

Par conséquent, nous ne pouvons pas dire clairement que cette évolution en breton est dû à l'influence gauloise en Armorique ; ça peut être une caractéristique commune gauloise-britonnique.

John Koch répertorie en fait ce développement comme un développement commun gaulois-britonnique.

 

2.1.7 Palatisation

 

(précision Karrikell : La palatalisation est une modification phonétique dans laquelle un son est produit par une partie plus à l'avant du palais dur que celle utilisée pour le son d'origine.   exemple :  ket (prononcé kétt) devient tchet)

 

 

Dans le sud ouest de la Basse Bretagne, les consonnes k et g sont palatisées avant le i et le e.

(note Karrikell : erreur sud -est)

Par exemple ket ’(ne) pas’ devient tchet

 

Les mêmes palatalisations apparaissent en Français aussi, dues au substrat Gaulois selon Falc’hun.

Il y a une petite région autour de Vannes, qui est un peu plus résistante aux innovations, et cette région coïncide avec une petite élévation des noms en « Plou », l’élément qui indique des colons Bretons.

 

La ressemblance entre le Français et le Vannetais d'un côté opposé au KLT (dialectes cornouaillais-léonard-trégorrois) de l'autre est la raison pour laquelle Falc’hun pense qu’il y a une unfluence gauloise sur le Vannetais.

 

Cependant, on doit aussi supposer que le développement du Français est influencé par le Gaulois, chose que Fleuriot ne suppose pas, et il conclut que le vannetais reçu une influence du Français.

 

Jackson pense que nous n’avons aucune preuve à l’appui de cela et que les palatisations en vannetais pourrait être aussi bien une tendance britonnique, car le Gallois moderne comporte des palatisations assez étendues.

 

De plus, les palatalisations en français sont partagées par presque toutes les langues romanes, nous n'avons donc aucune raison de les attribuer à un substrat gaulois.

 

 

2.1.8 Rhotacisme

 

(précision Karrikell : le rhotacisme est la difficulté ou impossibilité de prononcer le r et a le remplacer par une autre consonne)

 

François Falc’hun soutient que le développement breton peu fréquent de l’ancien -z en -r , qui a donné lieu à des variantes dialectales , exemple buzug et burug ‘vers de terre’ et c’hwezigell et c’hwerigell ‘vessie’ arrive aussi en Français, grammatica > *grammazica > grammaire.

 

En Basse Bretagne, ce rhotacisme s’est propagé du sud, et indique ainsi l'influence gauloise sur le breton du sud, suppose que le développement du français est essentiellement un développement du gaulois (Falc’hun)

 

Jackson conclut que le rhotacisme a clairement été une tendance sporadique endémique en breton à une époque (probablement) assez tardive, mais avoue n'avoir aucune explication convaincante.

 

L'hypothèse de Falc'hun sur le rhotacisme en grammaire n'est pas partagée par la FEW, la Französisches Etymologisches Wörterbuch, mais ils ne donnent pas d'explication alternative.

 

Pope reconstruit les étapes intermédiaires du mot français « grammaire < du Latin grammatica comme suivant :

gramaticum > *gramade > gramadje. > gramaire, avec un rhotacisme du d patalisé.

 

Ce n’est cependant pas facile de faire une hypothèse d’une innovation gauloise sur les bases d’un exemple de la langue française.

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