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25 juillet 2023 2 25 /07 /juillet /2023 11:22
Karrikell Yann Mikaël
Yann Mikaël, source : source : argedour.bzh

 

Yann Mikaël, de Guéméné-Penfao (44) , 1937-2022, a été quelqu’un qui a marqué le monde du Breton et du Gallo du Pays Nantais, c’était un auteur prolifique, et un des principaux contributeurs de cette revue Pihern, qui a paru de 1981 à 2016 au sein de l’association Vantyé.

Pour une meilleure présentation :

https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/guemene-penfao-44290/natif-de-guemene-penfao-l-ecrivain-yann-mikael-est-decede-62c9dc5e-8777-11ed-9105-0edf1d3343be

Les mots bretons du gallo-breton , PIHERN 2, Yann Mikaël, 1981

Voici un extrait du numéro 2 de PIHERN : « Les mots bretons du gallo-breton »

1981

Revue VANTYÉ

64 Route de Derval 44290 GUEMENE PENFAO Bretagne

page 23 à 25

 

Les mots bretons du gallo-breton

 

Des lecteurs nous ont fait remarquer que l’évidence ne sautait pas aux yeux que certains mots du Gallo-breton venaient du breton. Nous avons donc décidé de reprendre certains mots déjà cités et d’en donner de plus amples explications.

 

Gëd  : humeur galante chez les chiens, s’emploie aussi péjorativement chez les personnes. « Alë a la gëd » (courir les filles)

Sans aucun doute, l’origine en est le breton « Gadal » (lubrique, lascif) apparenté avec ‘gast’ (femme de mauvaise vie).

 

Gëdiy : mot dérivé du précédent, traduit ‘coureuse de garçon ».

 

Gëdyë : Idem pour l’origine, traduit « coureur de fille ».

 

Rakwè : c’est le plus petit d’une portée, le dernier d’une famille, j’y vois le breton ‘kazhkoad’ (chat des bois, c’est à dire l’écureuil), la forme vannetaise en est ‘kah-koed’. Avec l’aricle devant il y a mutation du ‘k’ initial en c’h qui se prononce comme un double ‘r’ raclé et nous avons ainsi une prononciation proche de ‘rakwé’ hormis le ‘d’ qui tombe en gallo-breton. Je me souviens aussi que dans une famille on appelait le plus jeune des garçons le ‘chat d’écureuil’ donc ‘er c’hahkoed’.

 

Vouyë : ce mot veut dire gicler. J’y vois le breton ‘bouilhañ’. Un des mots pour dire ‘gicler’, couler abondamment’.

Ce mot serait resté en gallo-breton sans sa forme mutée, la consonne initiale ‘b’ devenant ‘v’. Deux autres mots semblent être de la même famille, c’est ‘avouyë’ qui veut dire ‘arroser’ et ‘avouyèt’ qui désigne un entonnoir, mais pour ce dernier mot j’y mettrais des réserves jusqu’à plus ample informé.

 

Fërziyë : remuer, bouger, frétiller – ce mot est proche du français ‘frétiller’, lui-même de même origine que le breton ‘frezilhañ’ mais le gallo-breton ‘fërziyë’ vient du breton à cause du ‘T’ latin qui devient ‘s’ en breton.

 

Pakrë : semblable ressemblant, ce n’est pas la traduction exacte car ce mot s’emploie dans des expressions comme « s’é pakrë son pér » ou « s’é son pér tou pakrë » (c’est son père tout craché). En breton ce mot sert à renforcer le mot ‘semblable’ qui est ‘heñvel’ ex. heñvel – pakret ‘ouzh e dad eo’ (il ressemble tout à fait à son père)

 

Eknë : Ce mot veut dire ‘éreinté’ complètement ‘fatigué’ il contient le mot breton ‘kein’ (dos) une forme plus ancienne a dû être ‘ékeynë’ ou ‘ékënë’, puis le ‘e’ entre ‘k’ et ‘n’ est tombé. A noter qu’en françaisont dit ‘rein’ souvent pour parler du dos.

 

Breenëy : Ce mot désigne une préparation pour le bétail faite de pommes de terre coupées mélangées avec du son. Il contient la racine bretonne ‘brenn’ qui désigne le son (de blé, d’avoine) le mot barkhètàyj est synonyme de ‘breenëy’

Orsè : (pluriel orsyaw) désigne un récipient du genre bol, écuelle, baquet, seau. Ce mot est sans aucun doute le breton ‘orsel’ qui plus précisément veut dire ‘burette’, ‘fiole’. Le sens du mot a dû dériver.

 

Loyè : c’est la corne que le faucheur suspend à sa ceinture pour y mettre sa pierre à faux. Par extension ou par dérivé inverse, cela désigne aussi les cornes des vaches et des bœufs. Dans ce mot il y a le breton ‘hogell’ qui désigne la même chose. Après évolution normale, en gallo-breton nous aurions du avoir ‘hoyè ‘ mais l’article français ‘le’ est venu s’y accoler comme dans ‘lévyë’ pour ‘évier’ et ‘lusè’ pour ‘huisset’ (petite porte ou plutôt haut de porte).

 

Dërak : Ce mot qui n’est plus guère utilisé veut dire ‘devant’, c’est le breton ‘dirak’ avec passage du ‘i’ en ‘ë’.

Une autre forme du mot breton est ‘rak’ c’est sans doute lui que nous retrouvons dans le gallo-breton ‘rak’ qui traduit ‘près de’, ‘auprès de’.

 

Grafignë : Ce mot veut dire ‘griffer’ en breton nous avons ‘krafignat’ qui devient ‘grafign’ en conjugaison avec le sujet devant. Il doit y avoir une parenté entre les trois mots avec la racine ‘grif’, ‘graf’ mais les mots bretons et gallo-breton sont les plus proches.

 

Sigwengnë ou chikwengnë : ce mot veut dire ‘mal couper’ avec un scie ou un couteau. Dans le début du mot j’y voyais le français ‘scie’, mais il y a deux mots bretons très ressemblant et qui ont le même sens, chikougnañ et chakoniat, il doit y avoir origine commune.

A noter aussi le nom de famille ‘Sigoignet’ qui se prononce localement ‘Sigwengnë’.

 

Bërucho : C’est un des noms du roitelet, l’autre étant ‘Bërtaw’. Je pense que ce mot vient du breton « Boc’hruz », mais que le sens en a dérivé puisqu’il désigne en breton le rouge-gorge et qu’en gallo-breton on n’a pas de nom spécifique pour cet oiseau.

 

Rwë : Ce mot masculin désigne le ‘ruisseau’ tout comme le mot ‘rusè’ (pluriel rusyaw). L’origine en est le mot breton ‘gouer’ (ruisseau qui étant féminin se dit « ar c’houer » quand on met l’article indéfini devant. NB. « c’h » se prononce comme un double ‘r’ craché d’où notre ‘rwë’.

 

À suivre …

 

YANN MIKAEL

 

 

 

 

 

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